L'année 2023 a été marquée par des changements importants dans le paysage médiatique canadien : licenciements massifs de journalistes, fusions de médias menaçant d'accroître les monopoles d'entreprise dans les médias canadiens. C'est dans ce contexte que les journalistes de L'Étoile du Nord ont parcouru le pays pour interroger le public sur sa perception des médias dans la société canadienne.
Lorsqu'on leur a demandé d'où ils tiraient leurs informations, la majorité des gens ont répondu qu'ils obtenaient leurs informations en ligne - bien qu'un récent projet de loi pourrait changer la donne. En juin, le projet de loi C-18, ou loi sur l'information en ligne, a été adopté par la Chambre des communes. Les partisans du projet de loi affirment qu'il s'agit d'une tentative de réorienter les recettes publicitaires vers les médias canadiens et les journalistes. Meta (le conglomérat technologique à l'origine de Facebook et Instagram) et Google ont tous deux réagi en déclarant qu'ils bloqueraient tous les liens vers des articles de presse canadiens sur leurs plateformes respectives, remettant ainsi en question l'accès du public aux nouvelles canadiennes en ligne.
Interrogé sur le rôle que les médias devraient jouer, Simon, un pyschométricien de Montréal, a déclaré : "Ils [les médias] doivent cesser de traiter les choses au jour le jour et commencer à les examiner plus en profondeur". Ce sentiment reflète la crise générale que traversent les salles de presse canadiennes, qui manquent de plus en plus de fonds et de personnel. En juin, Bell Media a licencié plus de 1 300 personnes et est en train de fermer ou de vendre neuf de ses stations de radio à travers le pays. Ces dernières réductions s'inscrivent dans une tendance générale de suppression des journaux locaux et des salles de rédaction, ce qui a entraîné une diminution de la couverture et des enquêtes sur les questions locales qui touchent les Canadiens au quotidien.
Un travailleur communautaire anonyme a déclaré à L'Étoile du Nord : "Lorsqu'il s'agit de journaux, c'est celui qui a le plus d'argent qui dirige". Cela a été confirmé lorsque, à la fin du mois de juin, le public a appris que Post Media, un conglomérat médiatique canadien détenu par un fonds spéculatif américain, et Torstar, la société à l'origine du Toronto Star, discutaient d'une éventuelle fusion entre les deux entreprises.
Cette fusion aurait représenté l'une des plus grandes fusions de médias de l'histoire du Canada et aurait concentré encore davantage le contrôle que deux sociétés exercent sur le paysage médiatique canadien. Ce n'était pas la première fois que Postmedia et Torstar se livraient à des pratiques monopolistiques. En 2017, les deux sociétés ont échangé 41 publications avec l'intention d'en éliminer immédiatement 35. Cela a mis fin à la concurrence dans de nombreuses régions et a entraîné le licenciement d'environ 300 personnes.