L'Étoile du Nord

Investissement dans le génocide palestinien

Des auteurs exigent que le prix Giller rompe avec la Banque Scotia

Temps de lecture:3 Minutes

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Le plus prestigieux prix littéraire du Canada a été remis le 18 novembre dans la controverse. La cérémonie des prix Giller, sponsorisée par la Banque Scotia, est normalement diffusée en directe sur CBC. Pourtant, cette année, elle était préenregistré. Ce n'était pas pour des raisons techniques, mais plutôt parce que des manifestants avaient perturbé la cérémonie l'année précédente. Ils exigeaient à la banque de retirer ses investissements d'Elbit System, le plus grand producteur d'armes pour Israël.

Les actions visant le prix littéraire se sont développées dans le cadre d'une campagne plus large contre la Banque Scotia pour condamner son investissement de 500 millions de dollars dans Elbit Systems. La Banque Scotia est le principal investisseur étranger dans Elbit.

Cet investissement massif, qui a débuté en octobre 2022, a suscité l'indignation de nombreux militants qui connaissaient l'histoire des armes d'Elbit Systems « testées au combat » sur des Palestiniens, des Libanais et des Syriens. En réponse à la pression exercée par la campagne, la Banque Scotia s'est progressivement désengagée d'Elbit Systems. Elle a vendu des actions à chaque trimestre de 2024, jusqu'à atteindre 112 millions de dollars, selon les derniers documents déposés auprès de la Commission des valeurs mobilières et des changes, aux États-Unis.

L'Association Canada Palestine a lancé officiellement sa campagne contre la Banque Scotia en juin 2023. Depuis lors, leur coordination a conduit à des actions de piquetage devant 18 succursales de la banque le 15 mars, 35 succursales le 25 juin, et à la fermeture de plusieurs succursales dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique le 2 octobre.

La campagne a appelé tout le monde à transférer leurs économies et à fermer leurs comptes à la Banque Scotia pour protester contre les profits tirés de la guerre. « Je pense que la chose la plus mineure que nous puissions faire est d'être conscients de nos liens économiques qui contribuent directement au génocide en cours en Palestine », a déclaré Emily Fedoruk, animatrice de l'événement du club de lecture No Arms in the Arts: People's Tour.

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi, selon elle, le prix Giller était passé d'une émission en direct à une émission préenregistrée, Mme Fedoruk a répondu qu'« il semble évident que c'était pour éviter l'apparition de manifestants lors de l'événement ».

Le club de lecture « No Arms in the Arts: People's Tour » a été organisé sous la forme d'un piquet de grève à la galerie Center A de Vancouver, le soir de la diffusion de la cérémonie de remise des prix. Un certain nombre d'auteurs et d'écrivains ont lu des extraits de leurs propres œuvres et d'œuvres d'auteurs palestiniens.

Deux des auteurs présentés, Jen Currin et Lydia Kwa, font partie de la vingtaine d'auteurs qui ont retiré leurs œuvres de la sélection pour le prix. Ils demandent à la Fondation Giller de mettre fin à ses partenariats avec la Banque Scotia, la Fondation Azrieli et Indigo. 

En juillet, la Fondation Giller a réaffirmé son partenariat avec la Banque Scotia, en déclarant: « Même si nous respectons tous les points de vue qui ont été exprimés, nous avons confiance en l'intégrité de la Banque Scotia et en notre partenariat. Et même si nous apprécions la diversité des points de vue exprimés, la fondation n'est pas un outil politique. »

Malgré ce réengagement, le prix Giller a supprimé le nom de la Banque Scotia de son titre deux mois plus tard. La cérémonie se nommait auparavant Le prix Gillers Banque Scotia.

CanLit Responds, un groupe de travailleurs artistiques et culturels, a répondu à la déclaration de la Fondation Giller le 16 juillet: « Ce qui est clair, c'est que les Giller sont un outil politique, et un outil très précieux pour les entreprises qui blanchissent leur image après avoir investi dans les armes et l'oppression. »

Le groupe conclut: « Ces appels au désinvestissement dans le monde littéraire ne visent pas à atteindre une quelconque pureté morale ou à prendre une position rhétorique. La Banque Scotia reste le principal actionnaire étranger d'Elbit Systems. Les dirigeants d'Indigo—Jerry Schwartz et Heather Reisman—continuent de subventionner les 'soldats solitaires' de l'OIF par l'intermédiaire de leur organisation caritative HESEG. Le groupe Azrieli continue de faire des affaires dans des colonies de Cisjordanie jugées illégales au regard du droit international. »

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