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Dans le futur quartier Namur-Hippodrome à Montréal, la ville dit vouloir créer jusqu'à 20 000 nouveaux logements d'ici 2050 donnant, jusqu'à preuve du contraire, carte blanche aux promoteurs pour la construction de condos de luxe. Des organismes ont profité d'une consultation publique au mois de juin pour exiger un minimum de logements hors marché et pour partager les craintes des habitants.
Le projet de développement immobilier prendrait place sur le terrain de l'ancien Hippodrome dans Côtes-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (CDN-NDG) qui appartient à la Ville de Montréal depuis 2017. L'administration Plante dit vouloir que la moitié du développement soit réservé au logement abordable, sans toutefois émettre de cible chiffrée ni de moyen pour y parvenir.
Un développement de 20 000 nouveaux logements inabordables entièrement privés aurait un impact majeur sur la composition du quartier. Selon des chiffres datant de 2021, 41% des locataires de Côte-des-Neiges consacrent plus de 30% de leur revenu à leur loyer, soit davantage que la moyenne montréalaise.
L'Étoile du Nord s'est entretenue avec Soline Van de Moortele de l’Organisation d’Éducation et d’Information Logement de Côte-des-Neiges (OEIL) au sujet de la consultation publique sur le nouveau quartier. L'organisme y a déposé un mémoire qui présente les demandes et préoccupations exprimées par les citoyens lors de deux tables rondes organisées au mois de mai.
« Ça pourrait répondre aux besoins les plus urgents des résidents et résidentes de Côte-des-Neiges parce qu'il y a vraiment une pénurie. Il manque énormément de logements. Mais dans le fond, ce qu'on essaie vraiment de dire, c'est que certes, il y a les logements, mais il faut des logements accessibles. Ça veut dire des logements sociaux notamment. »
La mobilisation pour obtenir des logements sociaux sur le site de l'ancien hippodrome remonte aux années 1990. L'OEIL exige 10,000 logements hors marché, dont 4,800 logements sociaux. La ville, quant à elle, préfère parler dans son plan en termes vagues comme: un quartier « à l’image de la population de l’arrondissement de CDN-NDG » ou à « échelle humaine ».
L'organisatrice du comité logement ajoute: « Ce qui est sûr, c'est qu'on n'est pas les seuls à se mobiliser pour qu'il y ait du logement social. Vu qu'il y a de la mobilisation depuis 30 ans, pour nous, c'est limite inadmissible qu'il n'y ait pas de cibles garanties, parce que ce serait ne pas reconnaître le travail qui a été fait par les centres communautaires, par les résidents et résidentes de Côte-des-Neiges depuis des décennies. »
Une autre demande présentée par l'OEIL est la création de davantage de logements pour les familles. « Ça fait 10 ans, là, que la communauté exige qu'il y ait plus de logements construits pour des familles. On a vraiment un manque. Il y a une grande partie des logements aujourd'hui qui sont des 4 1/2, idéal [que] pour des couples. »
Une solution privilégiée par le mémoire de l'OEIL est la création d'une fiducie d'utilité sociale sur le site. Selon ce scénario, la ville cèderait le terrain à un groupe d'organismes chargés de s'assurer que le développement respecte les besoins des habitants du quartier.
Le mémoire présenté par l'OEIL explique, « la fiducie permettrait aussi de réhausser la confiance des résident-e-s dans ce projet et de dissiper leurs craintes de voir ce projet ne favoriser que la population aisée de Côte-des-Neiges. Il s’agit de la stratégie optimale pour garantir la protection à perpétuité du site contre la gentrification [...]. »
D'autre part, la fiducie permettrait de s'assurer que les logements sociaux soient répartis dans le quartier de façon à éviter la ghettoïsation.