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Le dimanche 15 septembre, les 5400 pilotes d'Air Canada, dirigés par l'Association des pilotes de ligne (ALPA), ont peut-être enfin obtenu un accord de principe qui en valait la peine. Cette annonce intervient après plus d'un an de négociations entre le syndicat et la direction de la compagnie aérienne, censée reconnaître la contribution de ses travailleurs à l'une des compagnies aériennes les plus rentables d'Amérique du Nord.
Leur combat a abouti à des résultats substantiels: les pilotes de la plus grande compagnie aérienne du Canada auront droit à une augmentation de 42% entre 2023 et 2027, s'ils ratifient l'accord de principe. Les salaires des pilotes seront ainsi alignés sur le coût de la vie, alors qu'ils n'avaient augmenté que de 2% par an pendant la crise inflationniste.
Un long face-à-face
Les pilotes, par l'intermédiaire de l'ALPA, avaient commencé à réclamer la renégociation de leur contrat vieux de 10 ans en juin 2023, alors qu'il arrivait à échéance le 29 septembre 2023.
Plus de 100 jours complets de négociation ont suivi, au cours desquels, le 1er juin 2024, 98% des membres de l'ALPA ont voté un mandat de grève de près de 100% en cas de nécessité.
Le syndicat exigeait une meilleure reconnaissance de la valeur que les pilotes apportent à la compagnie. En février 2024, en réponse au bénéfice de près de 4 milliards de dollars annoncé par la compagnie aérienne en 2023, l'ALPA avait déclaré que « les pilotes de compagnies aériennes comparables aux États-Unis sont payés 50 à 300% de plus que les pilotes au Canada ».
Charlene Hudy, présidente exécutive de l'ALPA, avait ajouté: « Air Canada est l'une des compagnies aériennes les plus rentables d'Amérique du Nord, mais elle n'a pas encore reconnu la valeur de ses pilotes et ne les a pas rémunérés en conséquence. »
Le 27 août 2024, les pilotes ont manifesté leur conviction à leur manière en organisant un piquet de grève avec plus de 2 000 de leurs membres dans les aéroports du pays. L'ALPA a déclaré à ce sujet que « les pilotes d'Air Canada et d'autres compagnies aériennes ont montré leur force, leur unité et leur détermination ».
La compagnie monopoliste, qui contrôle près de 45% du marché canadien du transport aérien, a qualifié de « demandes de compensation excessives » les demandes répétées des travailleurs pour obtenir leur juste part des immenses profits qu'ils ont contribué à générer. Avec des actifs évalués à plus de 30 milliards de dollars, la compagnie tentait de se faire passer pour la victime de 5 400 des 35 700 travailleurs d'Air Canada.
Au cours des deux dernières semaines, des dizaines de milliers de Canadiens ont attendu avec anxiété de savoir si leurs vols seraient annulés. La compagnie aérienne, chargée de relier les régions les plus éloignées du pays par voie aérienne, à l'instar du CN par voie ferroviaire, était sur le point d'interrompre le transport de passagers et de fret.
La direction d'Air Canada s'est efforcée de proposer des solutions d'annulation à ses clients, préférant les maintenir au sol plutôt que d'accéder aux demandes de ses pilotes. Le 12 septembre, un communiqué de presse d'Air Canada indiquait que « nous prenons toutes les mesures nécessaires pour atténuer l'impact de la grève ».
À l'inverse, l'ALPA et ses membres sont restés déterminés à trouver une solution viable, comme l'avait déclaré Charlene Hudy, sa présidente, en août dernier: « Nous voulons conclure un accord avec Air Canada pour éviter une grève, et bien que nous ayons fait quelques progrès en conciliation, la direction continue de nous rapprocher d'une position de grève en n'écoutant pas nos besoins les plus pressants à la table de négociation, à savoir une rémunération équitable, des prestations de retraite respectables et des améliorations de la qualité de vie ».