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Cet été, 31 syndicats de l'hôtellerie affiliés à la Confédération des syndicats nationaux (CSN) vont négocier de manière coordonnée leur nouvelle convention collective. Il s'agira de la onzième négociation unissant ainsi des hôtels de toute la province de Québec pour créer un rapport de force contre les patrons.
Dans une négociation coordonnée, tous les syndicats participants adhèrent à une plateforme commune, laissant tout de même la place à des demandes locales spécifiques. Si un syndicat souhaite accepter une offre patronale moins bonne que les demandes générales, il faut que l'instance représentant tous les syndicats de la négociation accepte qu'il le fasse.
Lors des négociations de 2020, par exemple, les syndicats s'étaient mis d'accord qu'ils ne pouvaient accepter aucun recul au niveau des conditions de travail, en plus de demander des gains salariaux de 2% par année et une plus grande contribution au Régime enregistré d'épargne‑retraite (REER) de la part de l'employeur. Un syndicat qui aurait voulu accepter 1,5% d'augmentation aurait donc dû demander au comité de coordination de la négociation pour signer une entente aussi basse.
Cette année, les 31 syndicats de l'hôtellerie regroupés demandent des augmentations salariales de 36% sur 4 ans (9%/année en moyenne). Cette demande élevée vise à « combler la perte du pouvoir d’achat liée à l’inflation », selon un communiqué de la CSN.
Une longue histoire de lutte commune
La tradition des négociations coordonnées de l'hôtellerie remonte à la fin des années 80. De 1986 à 1988, on compte trois négociations coordonnées de petite envergure, qui laissent présager les négociations coordonnées provinciales qui viendront quelques années plus tard. En 1986, ce sont 4 syndicats de Québec qui s'unissent d'abord, inspirant 19 syndicats de Montréal qui lancent leur négociation au printemps 1987. En 1988, 6 syndicats de Québec et de Rimouski unissent leurs efforts.
C'est en 1990 que la première négociation coordonnée pan-québécoise a lieu. Elle lance le bal des négociations coordonnées espacées de 3 ans : 1990, 1993, 1996, 1999, et ainsi de suite jusqu'en 2008 où les conventions collectives s'allongent pour durer 4 ans.
À partir des années 2000, les gains salariaux annuels se situaient autour 3% ou plus, mais en 2020, les syndicats ont accepté des augmentations moyennes de 2% par an. Le patronat de l'industrie touristique avait brandi les effets néfastes de la pandémie sur son marché pour pousser les syndicats à accepter ces offres plutôt faibles. Notons cependant que la négociation de 2020 a réussi à obtenir des clauses garantissant que les gens délestés de leurs emplois seraient rappelés à la fin de la pandémie.
Des demandes ambitieuses pour 2024
La demande d'augmentation salariale de cette négociation-ci (9%/an) est largement plus élevée que celle des autres négotiations des 20 dernières années. Qui plus est, elle va complètement à contre-courant de la négociation de 2020 qui apportait des demandes salariales modestes, alors que les salariés craignaient pour leurs emplois en plein coeur de la pandémie. Avec la fin de la pandémie, certains syndicats d'hôtel négociant indépendamment avaient d'ailleurs réussi à obtenir des gains salariaux plus avantageux que 2%/année. Ce fut le cas des travailleurs du Hilton Homewood Suites de Tremblant, qui ont obtenu en 2022 un gain de salaire annuel de 4,4%.
Cette année, les travailleurs incluent également dans leurs demandes une augmentation de la contribution de l'employeur aux assurances collectives et que la formation et les vacances soient bonifiées. Comme lors de la plupart des négociations coordonnées, les syndicats demandent aussi l'élimination du recours aux agences de placement. Cette année, les travailleurs demandent aussi que soit inscrit dans la convention leur droit de décider eux-mêmes comment partager les pourboires.
Quels syndicats participeront à la négociation ?
- Syndicat des Travailleuses et Travailleurs (STT) de l'Hôtel classique, qui a été le premier à joindre la négociation coordonnée de 2024
- STT de l'hôtel Reine Elizabeth
- STT de l'Hôtel Méridien de Montréal
- ST du Ritz Carlton
- STT de l'hôtel Holiday Inn Laval
- STT de l'Hôtel Quality Suites Pointe-Claire
- STT du Comfort Inn Pointe-Claire
- STT de l'Hôtel Côte-de-Liesse
- STT du Hilton Garden Inn-CSN, qui participe à sa première négociation coordonnée
- STT de l'hôtel Le Concorde
- STT du Marriott Château Champlain
- STT de l'hôtel Ruby Foo's
- STT de Hilton Québec, qui a participé à la toute première négociation coordonnée (1986), puis à toutes les négociations depuis 1990
- STT de Hilton Laval
- STT du Comfort Inn Dorval
- ST de l'Hôtel des Gouverneurs Place Dupuis, qui avait quitté les négociations coordonnées, mais les réintègre avec celle-ci
- STT du Quality Inn centre-ville
- ST du Résidence Inn by Marriott
- STT des suites Faubourg St-Laurent
- ST du Manoir du Lac Delage
- ST du Bonaventure, qui a participé à toutes les négociations coordonnées depuis 1990
- SE en hôtellerie de Roberval, qui participe à sa première négociation coordonnée
- STT du Holiday Inn Sinomonde
- Syndicat Delta Québec
- SE de l'hôtel Clarendon
- ST de l'hôtel Pur
- ST du Quality Inn Dorval
- STT de L'Hôtel Fairfield Montréal Centre-ville
- STT de l'Hôtel Clarion
- STT de l'Hôtel Delta de Sherbrooke
- STT de l'Hôtel Quality