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L'administration municipale de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM), un quartier de l'est de Montréal, a lancé au courant des deux dernières années un projet pilote pour espacer les collectes des ordures au deux semaines. Dans le but de "promouvoir le compostage", cela remplacerait d'ici 2024 le rythme hebdomadaire actuel. Cette politique est de plus en plus courante dans les grandes villes et permet possiblement de faire des économies budgétaires considérables aux dépens de la salubrité.
Victor Wong Seen-Bage, attaché politique du maire Pierre Lessard-Blais, a avoué ouvertement à l'Étoile du Nord que "nous espérons effectivement profiter d'économies potentielles" lors de la renégociation des contrats de collecte avec les entreprises de sous-traitance. En accordance avec le discours général de l'arrondissement sur cet enjeu, il a déclaré qu'il "ne s'agit pas de la raison principale nous motivant à aller de l'avant avec une telle mesure." En effet, l'arrondissement présente plutôt son plan comme une mesure écologique.
Questionné sur de possibles pertes d'emplois suite à la généralisation de cette mesure, M. Seen-Bage a contourné le sujet en déclarant que "la modification des contrats n'entraînera pas de réaffectation au sein du personnel de la Ville de Montréal," se justifiant ensuite en expliquant qu'elle "fait affaire à des compagnies privées pour la gestion des matières résiduelles." Il serait pourtant surprenant que ces entrprises puissent continuer à opérer sans mises à pied.
Les résultats de l'expérience pilote menée dans les districts de Tétreaultville et de Maisonneuve-Longue-Pointe ont montré une augmentation de 15% des résidus alimentaires valorisés, mais un taux de participation au compostage encore faible de 55%. Une seule soirée de consultation, à laquelle aussi peu que 23 habitants ont pris part, a été menée par la suite. Cela n'a pas empêché l'administration de se féliciter de ces résultats et de généraliser cette mesure dans l'ensemble de l'arrondissement d'ici 2024.
De nombreux citoyens sont loin de partager cet enthousiasme. Durant l'été, l'accumulation des poubelles attire la vermine et crée des odeurs insupportables. Des habitants se plaignent également de l'absence de solutions pour stocker les bacs de compostage dans les immeubles de neuf logements et plus. Sur les réseaux sociaux, un habitant d'un autre quartier expliquait: "j'ai vécu avec un bébé aux couches avec les poubelles aux deux semaines, et c'est pas beau. Si tu manques un ramassage, ça prend une combinaison de protection pour laver la poubelle après."
L'administration promouvoit avec grand enthousiasme son programme de subvention pour les couches réutilisables comme solution pour les jeunes familles. Une rapide évalutation de celui-ci permet d'y déceler des failles flagrantes: les 100$ proposées permettent, dans le meilleur des cas, de se procurer une dizaines de couches lavables. Selon la compagnie Pampers, c'est le nombre de couche qu'utilisera par jour un nouveau-né.
"J'ai peur", explique un citoyen de l'arrondissement. "Si je place mes ordures dehors n'importe quand qui n'est pas la journée avant la collecte, les mouches, leurs oeufs, et les larves se ramassent là-dedans. J'ai vraiment pas hâte à cet été." Un autre ajoute qu'il croit que "Westmount ne va pas se faire imposer ça... C'est pas pour rien que ça commence par Hochelaga." Westmount est historiquement le quartier le plus riche de Montréal, en opposition à Hochelaga, historiquement ouvrier et pauvre.
Lorsque questionné sur le désir de l'arrondissement d'éviter de faire porter le fardeau du suremballage et de la forte production de déchets causés par les grandes entreprises aux habitants, Victor Wong Seen-Badge esquivait en affirmant que "de grandes villes canadiennes et québécoises se sont très bien adaptées à la collecte bi-hebdomadaire des ordures ménagères bien qu'il n'y ait pas de différence dans l'offre de produits et dans les habitudes de consommation de ses habitants."