L'Étoile du Nord

Les travailleurs de la LCBO commencent à voter sur un accord de principe

Fin possible de la grève des magasins d’alcool en l’Ontario?

Temps de lecture:5 Minute

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Si l'accord annoncé aujourd'hui est ratifié, les travailleurs de la LCBO pourraient mettre fin à leur première grève après 15 jours. Ce samedi 20 juillet, les travailleurs ont commencé à voter sur l'adoption d'un accord de principe proposé par la LCBO et le SEFPO. Après les accusations de mauvaise foi lancées vendredi entre le syndicat et la société d'État, l'accord de principe a failli s'effondrer avant le vote.

Dave Morrison, délégué syndical en chef de la section locale 165, a déclaré à l'Étoile du Nord samedi après-midi que les travailleurs avaient commencé à voter sur l'accord "à 10 heures ce matin, et que le vote se terminerait demain à 15 heures".

L'accord prévoit une augmentation de salaire de 8% sur trois ans, ce qui n'est pas suffisant pour récupérer le salaire perdu suite à la crise d'inflation, de même que la conversion de 1 000 employés occasionnels (près de 15 % d'entre eux) en employés permanents à temps partiel, et un meilleur accès aux avantages sociaux pour les employés occasionnels.

Les employés occasionnels représentent 70 % des employés de la LCBO et n'ont pas d'heures de travail garanties. Ils n'ont droit qu'à "un salaire lorsqu'ils sont là", a déclaré à l'Étoile du Nord Barry, un employé de la LCBO à Sauble Beach. Après avoir travaillé à la société d'État pendant 17 ans, Barry n'a droit qu'à "un petit pourcentage de [son] salaire qui couvre les congés de maladie et les vacances". Les travailleurs occasionnels n'ont aucun avantage avant leur cinquième année d'emploi consécutive.

L'accord prévoit notamment que la LCBO s'engage à limiter le nombre de points de vente dans les épiceries et les dépanneurs à 400 dans toute la province, à limiter la sous-traitance et à augmenter de 1,25 million de caisses le volume de produits stockés dans les entrepôts pour servir les points de vente.

Barry a expliqué que la grève avait été bien accueillie par le grand public. "Des centaines de personnes klaxonnaient, faisaient des signes de la main, levait le pouce, déposaient de la nourriture et de l'eau et passaient pour nous remercier.

James, travailleur d'une LCBO à Mississauga, a fait part de son expérience avec d'autres travailleurs qui sont venus soutenir la grève. "Nous avons reçu le soutien d'autres syndicats, ce qui est fantastique. Des enseignants sont venus sur les piquets de grève et nous ont aidés."

Pourquoi les travailleurs de la LCBO sont-ils en grève ?

M. Morrison a déclaré que les travailleurs de la LCBO, "qui sont la vie et le sang de cette organisation, sont ceux qui ont été abusés par la précarisation de leur travail. Une des grandes choses qui ressort de cet accord, ce sont les 1000 postes permanents qui ont été créés".

Roshan, qui travaille dans une LCBO de Scarborough, explique que "pour beaucoup d'occasionnel, ils ne travaillent pas beaucoup. Ils travaillent peut-être cinq ou dix heures par mois. Évidemment, pendant les périodes de pointe, comme la fête du Canada, Noël et les longues fin de semaines, ils peuvent avoir plus d'heures. Mais c'est très irrégulier."

En ce qui concerne les avantages sociaux, Roshan dresse un tableau peu reluisant. "Vous savez, on a de temps en temps une réduction de 10 % sur le zoo de Toronto, un forfait téléphonique corporatif… On obtient des petites choses, mais il faut attendre cinq ans. Le seul véritable avantage, c'est de faire partie du syndicat. C'est notre plus grand avantage".

De plus, d'anciens emplois à plein temps de la LCBO ont été confiés à des sous-traitants non syndiqués pour l'entreposage, l'exécution des commandes, la gestion des données et l'impression.

Par ailleurs, Ford a créé une carte pour "aider" les Ontariens à trouver des détaillants d'alcool. Des travailleurs de la LCBO de Windsor ont exprimé leur déception à l'égard de cette soi-disant initiative. "Pourquoi M. Ford ne crée pas à la place une carte pour aider les Ontariens à trouver des médecins de famille? C'est tellement dérangeant de voir comment Ford fait tout sauf se battre pour le Canadien moyen."

Aussi en lutte contre la privatisation

En annonçant que la bière, le vin, le cidre et les cocktails prêts à boire seraient disponibles dans les dépanneurs et les épiceries en 2026, Doug Ford a déclaré à la fin du mois de mai que les Ontariens "sont ravis de pouvoir bénéficier du même choix et de la même commodité que les autres Canadiens". Mais cette opposition entre la LCBO et la commodité serait-elle un faux dilemme?

Le SEFPO affirme que le plan de M. Ford visant à orienter les ventes d'alcool vers le secteur privé coûterait plus d'un milliard de dollars à la province. Noah, employé d'une LCBO dans le quartier de Village à Toronto, explique que leur combat "vise en réalité à maintenir l'argent public dans les caisses de l'État. La LCBO réalise chaque année 2,5 milliards de dollars de bénéfices".

Noah poursuit en décrivant l'importance des revenus de la LCBO pour le public. "Si nous commençons à privatiser la vente d'alcool, cet argent ira dans les poches des milliardaires qui ont déjà bien assez d'argent. C'est contre cela que nous nous battons".

Mais les travailleurs sur le terrain sont conscients du désir d'accessibilité du public. Barry affirme que la LCBO pourrait "ouvrir plus de magasins, nous pourrions avoir des heures d'ouverture plus longues. […] Je pense que Doug Ford n'a qu'une idée en tête, le monde des affaires, et qu'il veut aider tous ses amis PDG. Je ne pense pas qu'il veuille nous aider".

Dans de nombreuses régions du nord de l'Ontario, des points de vente de la LCBO sont également rattachés à des stations-service et à des épiceries afin d'améliorer l'accès à l'alcool dans les zones reculées. Toutefois, de tels points de vente n'ont pas encore été mis en place dans l'ensemble de la province, et l'accord de principe actuel en limite le nombre. Ce type d'agence maintiendrait les revenus dans les poches du gouvernement, mais pourrait entraîner des pertes d'emplois si le gouvernement l'utilisait trop, puisque les employés qui la gèrent sont ceux du magasin privé.

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