L'Étoile du Nord

Portrait du ministre Québécois du Travail

Jean Boulet, Ministre du patronat

Temps de lecture:3 Minute

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Alors que la réforme de l'industrie de la construction annoncée par la CAQ au printemps dernier commence à être appliquée, le ministre du Travail Jean Boulet revient à la charge avec un deuxième projet de loi dans le même secteur. Celui qui a admis vouloir faire entrer plus de main d'œuvre non qualifiée sur les chantiers prétend maintenant se préoccuper de la qualité des nouvelles constructions.

Mais le ministre n'est pas un novice des politicailleries du genre. Voici un aperçu de sa carrière, qui laisse peu de place au doute quant aux véritables intérêts qu’il défend au sein du gouvernement.

Un ami des « chambres de commerce »

Avant d'être élu comme député de Trois-Rivières, Boulet a passé plusieurs années dans les hautes sphères du patronat en Mauricie. Il a été président de la Chambre de commerce et d'industries de Trois-Rivières, président du conseil d'administration de la Fondation du Centre hospitalier régional de Trois-Rivières et vice-président de l’Administration portuaire de Trois-Rivières.

Avant d'être député, il a été membre du conseil d'administration de Lavery, l'un des plus gros cabinets d'avocats au Québec entre 2015 et 2017. En 2018, alors que Boulet se fait confier le ministère du Travail, son ancienne collègue Anik Trudel, directrice de Lavery, est nommée au conseil d'administration de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

Dans les années qui suivront, Jean Boulet sera un invité d'honneur lors de plusieurs galas et conférences de la CCMM. Celle-ci fera l'éloge de plusieurs de ses projets, dont la « grande corvée », un programme lancé par le ministre en 2019 qui visait à inciter les jeunes à rejoindre le marché du travail.

Durant son premier mandat, un des grands dossiers de Boulet est la pénurie de main d'œuvre. La solution trouvée par le ministre: accroitre le recours aux travailleurs étrangers temporaires (TET). Entre 2021 et 2024, leur nombre a doublé au Québec. En 2020, le ministre s'était vanté de « rajouter des métiers à la liste de traitement simplifié pour les TET pour bénéficier aux entreprises à Montréal et partout au Québec. » 

Après quoi, en 2022, lors d'un bref passage comme ministre de l'immigration, il avance que 80% des nouveaux arrivants ne travaillent pas et ne parlent pas français. Cette affirmation est par la suite rapidement démentie et Boulet est forcé de renoncer au ministère de l'immigration.

Source: Facebook, @JeanBouletCAQ

Accélérer la construction, mais à quel prix?

En 2023, Boulet s'attaque au milieu de la construction. Sa grande réforme vise à accélérer le rythme des constructions, notamment en affaiblissant les conditions de travail dans le milieu. Lors d'une intervention à la CCMM, il explique, « ça m'intéresse de simplifier certaines lois du travail au Québec, les adapter aux nouvelles réalités du marché de l'emploi. »

La même année, une proche collaboratrice de Jean Boulet et du CCMM, Audrey Murray, est nommée présidente-directrice générale de la commission de la construction du Québec (CCQ). Auparavant, celle-ci avait occupé le poste de présidente de la Commission des partenaires du marché du travail. Ce rôle l'amenait fréquemment à collaborer avec le ministre du Travail et les hautes sphères du patronat québécois.

L'an dernier, suite à l'annonce de la réforme de la construction, la CCQ lance un projet pilote pour aller recruter de la main d'œuvre à l'étranger. Ces missions de recrutement dans des pays comme la Tunisie ou la Colombie visent des métiers dans lesquels, selon Murray, le Québec « a des déficits vraiment importants ».

En plus de s'attaquer aux conditions de travail dans le milieu, la loi a été dénoncée par les syndicats parce qu'elle pose le risque de dégrader la qualité des nouvelles constructions. La réponse du ministre a été le projet de loi 76. Celui-ci vise à s'assurer de la qualité des nouvelles constructions en imposant plus d'inspections sur les chantiers.

Toutefois, dans le projet de loi, il est écrit que l'entrepreneur devra confier par contrat la réalisation des inspections à un ingénieur ou un architecte de son choix. La liberté de choisir l'inspecteur par l'entrepreneur ouvre donc la porte à des conflits d'intérêts non négligeables.

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