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Huit mois de grève, c'est long. Si certains syndiqués de la SQDC ont parfois de la difficulté à en voir le bout, "depuis les deux derniers mois on a énormément d'espoirs, parce qu'on voit que il y a plus de plus de gens qui nous mettent en avant, on a eu plusieurs interventions radio, plusieurs publicités qui tournent au niveau réseaux sociaux aussi. Et même certains ministres qui disent que ça n'a plus de sens," explique Lucas Gizard, employé d'une succursale en grève.
Les membres du Syndicat Canadien de la Fonction Publique (SCFP) de la SQDC revendiquent une augmentation salariale en dessous des autres services publiques comparables, comme la Société des Alcools du Québec (SAQ) ou d'autres services à la clientèle gouvernementaux. Dans un contexte d'inflation élevée, les travailleurs de la vente du cannabis disent ne pas pouvoir aller plus bas s'ils souhaitent à tout le moins vivre une vie décente.
"On a des gens qui refusent catégoriquement de nous reconnaître à notre juste valeur depuis 8 mois. On a même une procédure d'arbitrage qui est en cours, c'est à dire qu'il y a un bureaucrate qui va dire au gouvernement qu'ils négocie comme des merdes" explique-t-il avec un sourir en coin. "Donc il va dire: 'non, vous négociez mal', c'est plutôt ça qu'il faudrait faire."
"C'est encourageant de voir que les pertes d'argent augmentent vraiment beaucoup." C'est ce moyen de pression, historiquement très efficace, que les syndicat utilisent généralement comme levier pour négocier lorsque le gouvernement ou une entreprise refuse toute autre avenue. "À un salaire de 21$ de l'heure, ça ferait 2 millions de pertes pour eux, alors que là ils en sont à au moins 10 millions de pertes depuis les six derniers mois."
"Au jour le jour, on est devant nos succursales, on fait de la pression, on est le plus visible possible devant les responsables, devant les journalistes. Sinon, il y a quand même des moyens de pression ponctuels. On est parti voir le gouvernement pendant des meetings, des dîners. Le SCFP au complet est aussi parti à Ottawa pour aller soutenir d'autres sections du SCFP en grève ailleurs au pays."
"Les prochains mois, ça va être une grosse lutte," affirme M. Gizard, confiant. "Je pense qu'il y a d'autres moyens de pression qui vont arriver. Le but c'est vraiment de motiver les gens à continuer, leur dire que c'est vraiment qu'une question de temps, parce que c'est le cas, on arrive jusqu'à l'arbitrage. C'est une question de temps."
"Et là, on se bat même plus pour notre propre intérêt," ajoute-t-il. "On se bat pour un intérêt commun qui est d'arrêter de faire en sorte que l'État nous écrase, que l'État soit de mauvaise foi avec ce double discours constant. Si le gouvernement tenait vraiment à la santé des gens, on aurait des produits de qualité qui seraient vendus ici, et ça, ça a vraiment motivé les gens de rester à la SQDC, de montrer à l'État qu'on ne va pas se laisser faire."
"Et que c'est pas parce qu'ils sont capables de nous mettre des injonctions et des moyens de pression qu'on va se démotiver – ils nous ont menacé même d'avoir des listes noires, ils font courir des rumeurs de fermeture définitive. On va leur montrer qu'on est plus fort que ça."
"Au bout d'un moment on est en train de se faire ronger, depuis les 20 dernières années, les libertés qu'on avait acquises dans la lutte, dans le sang, dans les flammes. On est en train de se les faire ronger de manière très douce, très subtile. Surtout avec la COVID, on a vu beaucoup de lois qui sont passées discrètement, beaucoup d'amendements, etc."
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