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La Fédération autonome de l'enseignement, composée de neuf syndicats de l'enseignement regroupant 66 500 membres, a annoncée qu'elle utiliserait son mandat de grève générale illimitée à compter du 23 novembre. L'utilisation du mandat de grève vise à faire débloquer les négociations avec le conseil du trésor qui stagnent depuis maintenant un an. La FAE a indiqué au gouvernement qu'elle était disponible pour négocier 7 jour sur 7 avant le 23 novembre, mais son offre est restée sans réponse de la partie patronale.
Sonia Lebel, présidente du conseil du trésor, a déposé une dernière offre à la table des négociations avec la fonction publique à la fin du mois d'octobre suite à l'annonce d'une première journée de grève du Front Commun. L'essentiel du dépôt : une augmentation de salaire de 10,3% sur 5 ans plutôt que le 9% initialement proposé. Cette offre a été dénoncée par tous les syndicats présents à la table de négociation, incluant la FAE.
Suite à ce dépôt de la partie patronale, Daniel Gauthier, vice-président à la négociation de la FAE, a déclaré : « Nous sommes toujours prêts à discuter, mais notre confiance s’effrite de plus en plus et il sera difficile pour nos membres de garder leur calme devant les offres actuelles, qui ressemblent davantage à des offres de départ. L’écart entre la nouvelle proposition du gouvernement et les besoins de nos membres est encore très grand. »
Au sujet des négociations, le cabinet de Mme Lebel a déclaré au début du mois de novembre, « les syndicats doivent nous revenir avec une contre-offre sérieuse et constructive ». Toutefois, les syndicats de l'enseignement ont déjà fait un grand élagage dans leurs demandes au mois de septembre. La FAE a réduit de moitié ses demandes au gouvernement pour faire débloquer les pourparlers avec le gouvernement. La Fédération souligne qu'elle a conservé uniquement les demandes qu'elle juge prioritaires.
Parmi celles-ci, la question des salaires: Les enseignants au Québec sont payés sous la moyenne canadienne. Pour certains enseignants (en début et milieu de carrière) l'écart à la moyenne est de presque 20%. Par exemple, un enseignant en poste depuis 10 ans a un manque de 18 000$ à combler dans son salaire annuel pour atteindre la moyenne du pays.
On y trouve aussi la question de l'aide aux élèves. La FAE demande davantage de soutien pour les élèves handicapés ou en difficulté d'adaptation ou d'apprentissage (EHDAA) et leurs enseignants. Les élèves EHDAA composent 34% du réseau secondaire public québécois et ceux-ci ont un taux de diplomation de seulement 60%. Le gouvernement, pour sa part, propose de retirer la classification EHDAA aux élèves ayant un trouble du déficit d'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Cette mesure aurait pour effet de limiter l'accès à certaines ressources pour les élèves et enseignants des élèves visés.
Certaines demandes de la FAE ne demandent aucun investissement supplémentaire de la part du gouvernement. Elle ne sont pas moins rejetées du revers de la main par le conseil du trésor. C'est le cas, par exemple, de la demande formulée par la FAE de permettre aux enseignant de remplir leurs heures de travail personnel (correction, planification) à l'endroit et au moment de leur choix. Il en va de même pour ce qui est de permettre le télétravail lors des journées pédagogiques.
Depuis la rentrée, les syndicats affiliés à la FAE ont menés des campagnes de mobilisation. Notamment une grève du zèle qui a mené à un boycott des portes ouvertes dans plusieurs établissements et des activités hebdomadaire de piquetage. Dernièrement, la FAE a manifesté devant le bureau du premier ministre François Legault à Montréal.
Le 23 novembre prochain, les enseignants affiliés à la FAE, les membres du front commun et de la Fédération interprofessionnelle de la santé seront en grève. En tout, c'est plus de 566 000 travailleurs qui seront en grève. Pour souligner cette occasion historique, les travailleurs et les syndicats marcheront ensemble sur la rue Saint-Laurent à Montréal en après-midi.
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