L'Étoile du Nord

Le gouvernement Ford s’engage à abroger la loi 28

La « grève illégale » ne dure qu’un jour

Temps de lecture:3 Minutes

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La semaine dernière, les travailleurs de l'éducation de l'Ontario du Syndicat Canadien de la Fonction Publique (SCFP) ont déposé un avis grève pour le vendredi 4 novembre. En réponse, le gouvernement de Doug Ford a adopté le projet de loi 28, une loi visant à rendre cette grève illégale et à imposer un contrat au syndicat qui représente 55 000 employés de bureau, concierges et travailleurs de soutien à l'éducation - généralement les travailleurs les moins bien rémunérés du secteur de l'éducation.

En utilisant une faille constitutionnel appelée "clause nonobstante" ou "article 33", la législation a outrepassé le droit de grève des travailleurs. En signe de protestation, le SCFP a quand même déclenché la grève, les membres individuels étant menacés d'amendes pouvant atteindre 4 000 $ par jour. L'Étoile du Nord a reçu le rapport suivant d'un correspondant à Scarborough, qui montre un large soutien aux travailleurs en grève dans une communauté ouvrière:

L'impression que j'ai eue en parlant aux gens ce matin, c'est que les gens sont vraiment heureux, il y a beaucoup de bonne humeur sur le piquet de grève. Beaucoup de gens se donnent des calins, se rencontrent dans les écoles.

Nous avons parlé à une administratrice de bureau, [nous lui avons demandé] "Pourquoi pensez-vous que cela se produit ?" et elle nous a répondu "Je pense que ce sont surtout les assistants d'éducation et les travailleurs de l'EPE qui sont épuisés et doivent faire des choses très intenses. Il semble donc que, de son point de vue, c'est ce qui pousse le SCFP à adopter une position vraiment militante. C'était très intéressant à voir. Et beaucoup de gens sont des gens qui ne sont jamais allés sur un piquet de grève auparavant.  Une des femmes à qui nous parlions disait : "Maintenant je comprends pourquoi les jeunes sortent et font ça."

Quand nous étions dans la rue aussi, nous avons vu des chauffeurs de camions, des gens en voiture, des conducteurs de camions poubelles qui klaxonnaient tous en signe de soutien. Il y a beaucoup de solidarité et de soutien entre les travailleurs.

Manifestants

La décision du gouvernement Ford devait certainement constituer un précédent dans une série de mauvais contrats imposés aux travailleurs du secteur public de la province. Selon un couple de travailleurs de l'éducation en grève à Kanata, en Ontario : "C'est choquant... Et malheureusement, nous sommes le premier syndicat avec lequel ils font cela, mais il y a beaucoup d'autres unités - ils étaient ici aujourd'hui - si [Ford] va le faire à un, il va le faire à tous!"

La grève s'annonçait comme politique autant qu'économique, les travailleurs de l'éducation du SEFPO quittant illégalement le travail pour défendre le droit de grève du SCFP. Au cours de la fin de semaine, on apprenait que d'autres syndicats affiliés à la Fédération du travail de l'Ontario se joindraient à la grève dans les semaines à venir, ce qui laisse entendre qu'une grève générale plus étendue pourrait être en préparation.

L'un des principaux enjeux pour les travailleurs en grève est le salaire pour suivre l'inflation aberrante, ainsi que les conditions de travail. Un assistant d'éducation a raconté à l'Étoile du Nord à Hamilton que "nous n'avons rien eu pendant 4 ans d'affilée, 0 % d'augmentation, puis quand nous avons finalement obtenu une augmentation, c'était 10 cents. Ça n'achète même pas un café par jour. Nous avons été gentil avec ces enfoirés pendant des années et avons été patients. Et ils sont surpris qu'on fasse ça?"

Les pénuries de personnel dues aux démissions, les heures volées et les conditions de travail difficiles sont la norme. Un autre travailleur de Kanata a déclaré à l'ÉdN que "nous avions 12 [assistants d'éducation]. Nous n'en avons plus que huit. Les enfants ne sont partis nulle part. Et nous avons également augmenté le nombre de nos jardins d'enfants, cinq nouveaux jardins d'enfants qui ont besoin d'assistants d'éducation à plein temps."

Cependant, après moins de deux jours de grève, le gouvernement Ford a annoncé lors d'une conférence de presse le lundi 7 novembre qu'il annulerait le projet de loi 28 si le SCFP reprenait le travail. Le SCFP Ontario a à son tour démantelé ses "sites de protestation" et a demandé à ses membres de retourner au travail. Ce développement, que la direction du SCFP qualifie de victoire, pose des questions cruciales quant aux limites de l'action syndicale légale. Le SCFP a maintenu que la grève restera sur la table malgré la démonstration de bonne foi de lundi.

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