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Adieu à un seigneur féodal

La mort d’Arthur Irving rappelle son héritage d’exploitation et de tromperies

Temps de lecture:3 Minute

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Le 13 mai 2024, Arthur "Art" Irving, membre imposant de l'élite industrielle et financière du Canada, est décédé. Les grands médias ont été inondés d'articles nécrologiques, mais aucun n'a osé le dépeindre tel qu'il était vraiment: un seigneur féodal des provinces maritimes.

Arthur Irving était le fils cadet du baron du pétrole et industriel néo-brunswickois Kenneth Colin Irving. Au moment où K.C. prend sa retraite dans le paradis fiscal des Bermudes, il avait construit un empire industriel qui contrôlait pratiquement tous les aspects de sa propre chaîne de production. K.C. avait établi un monopole à toute épreuve sur presque tous les aspects de l'industrie et des médias au Nouveau-Brunswick.

Chemins de fer, pétrole, mines, forêts, construction, transport maritime, construction navale, pâte à papier, chantiers forestiers, production de béton, agriculture. Et la liste est encore longue.

Art et ses frères, James et Jack, étaient les héritiers de l'empire de leur père. James, l'aîné, s'est taillé la part du lion dans les secteurs de l'agriculture, de la sylviculture, de l'industrie manufacturière et de la construction navale. Jack, le plus jeune, a pris le contrôle des secteurs de la construction, du transport maritime et des médias. Art, quant à lui, s'est vu confié la lucrative division du pétrole, qui comprend le raffinage, le transport maritime et l'extraction de produits pétroliers.

Les hommages et les vœux des plus hautes sphères de l'élite canadienne ont afflué de partout. Justin Trudeau a déclaré que "sous sa direction, [Irving Oil] est devenu l'un des principaux employeurs et créateurs d'emplois du Canada, faisant de M. Irving un symbole de l'esprit d'entreprise et de la réussite au Canada".

Sa notice nécrologique ressemble à une liste de philanthropie et de charité: conseil d'administration de telle organisation à but non lucratif, directeur général de telle organisation caritative, financement d'ailes d'hôpitaux par-ci, de nouveaux auditoriums universitaires par-là.

Institut Arthur L. Irving pour l'énergie et la société, Collège Dartmouth

À lire la presse traditionnelle, on pourrait croire qu'il était un saint parmi nous. Toute couverture négative se limite à mentionner docilement ses relations familiales tendues.

Mais les éloges funèbres et les nécrologies oublient commodément la manière dont il a amassé sa fortune: en soutirant chaque dollar possible de la sueur de milliers de travailleurs des Maritimes et d'ailleurs.

Il n'est guère surprenant que personne ne mentionne la mainmise de la famille Irving sur presque tous les journaux anglophones du Nouveau-Brunswick pendant plus d'un demi-siècle.

Et ne vous attendez pas à lire dans la presse traditionnelle comment les Irving évitent minutieusement de payer des impôts. Vous ne trouverez pas non plus la moindre mention des milliards de subventions publiques qui ont engraissé l'empire Irving.

Vous ne verrez pas un seul mot dans les nécrologies soignées sur les ententes en coulisse, le lobbying incessant et la transition sans heurt des employés d'Irving vers des postes politiques qui affligent les Maritimes.

Comme on pouvait s'y attendre, les grands médias ont accordé une couverture limitée à ces incidents flagrants. Mais lorsqu'il s'agit de faire l'éloge de quelqu'un comme Arthur Irving, ils n'hésitent pas à ressortir les clichés éculés, le qualifiant de "gentleman" et de "pilier de l'État et de la société".

Dommage pour les grands médias qui essaient de nous vendre tout cela alors que le Nouveau-Brunswick, le terrain de jeu favori des Irving, est généralement considéré comme la province la plus pauvre du pays.

Meilleure chance la prochaine fois pour essayer de nous berner.

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