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Réforme des retraites en France

La population en colère face à un gouvernement sous pression

Temps de lecture:3 Minute

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Depuis l'annonce du projet de réforme des retraites par le gouvernement français le 10 janvier 2023, la France est encore une fois plongée dans une crise sociale majeure, à peine plus de 4 ans après la crise des gilets jaunes. Les travailleurs français menacent d'avoir recours à la grève générale, qui pourrait être reconduite par de nombreux secteurs et ébranler sérieusement le gouvernement.

Les sondages montrent que plus de 70% de la population soutiendrait les mobilisations. D'après Lucas Gizard, syndicaliste français à la SQDC expatrié à Montréal, cette crise semble être la seule option pour faire renverser cette décision. "C'est la seule manière de leur parler. Si jamais toute la société française arrêtait de travailler demain, je garantis que le gouvernement retirerait sa réforme."

Le gouvernement d'Emmanuel Macron propose de reculer l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans et d’augmenter la durée de cotisation à 43 ans. M. Gizard a expliqué à l'Étoile du Nord que la population française avait un manque de confiance préalable en son gouvernement dû en partie à plusieurs mensonges de celui-ci durant la pandémie. Encore une fois, le conseil des ministre clame que la réforme des retraites est nécessaire, en opposition à ses propres institutions, qui ne rapporteraient pas de problème majeur.

La réforme permettrait de "maintenir le niveau de vie des retraités, de favoriser l’emploi des seniors et de préserver la solidarité entre les générations" selon le gouvernement. Pourtant, "on voit qu'il y a non seulement des inégalités au niveau des pauvres—le tier de la population meurt avant 60 ans et évidemment, c'est les plus démunis—mais en plus, elle est très désavantageuse pour les gens qui ont commencé à travailler plus tôt, par exemple à 16 ans, les travailleurs manuels, les ouvriers, les éboueurs, etc."

Cette réforme s'inscrit dans une tendance double dans les pays occidentaux. Premièrement, l'augmentation du poids démographique des personnes âgées met de la pression sur les fonds de retraite, mais aussi, la situation économique générale pousse les États à devoir agir et, sous la pression des entreprises, à mettre le fardeau de la crise sur les travailleurs en réduisant leurs avantages sociaux.

Le 26 mars, Macron et sa première ministre, Élisabeth Borne, ont mis de l'huile sur le feu en utilisant la clause 49.3 de la constitution française, qui permet d'adopter une loi sans vote au parlement. Lucas Gizard dit à l'Étoile du Nord que "depuis le début de l'année, ils l'ont utilisé 10 fois, et pour les retraites c'est la 11e fois qu'ils l'utilisent."

"Depuis l'utilisation du 49.3, y'a eu énormément d'émeutes, accompagnées de violences policières et de répressions complètement démesurées. Oui il y a des gens violents, mais il y a eu beaucoup, beaucoup de victimes de la répression." L'État français a, depuis janvier, mis en place un vaste appareil de répression de sa population. C'est au moins 1000 personnes qui ont été arrêtées dans le cadre des manifestations jusqu'à maintenant. 

Pour Lucas Gizard, "quand on ne débat pas, quand on passe de force des lois, on est vraiment au bord du fascisme et je suis content qu'au moins la société puisse le voir, s'unir et montrer que le peuple français, c'est lui qui décide." Il mentionne qu'il est "extrêmement heureux de la prise de conscience. Comme je suis à Montréal, évidemment, j'aimerais que le Québec et le Canada prenne un peu example."

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