L'Étoile du Nord

Grève chez Postes Canada

​La tension monte au mégacentre de tri du courrier à Montréal​

Temps de lecture:4 Minutes

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Au mégacentre de tri de courrier Léo Blanchette, ça accroche entre les travailleurs en grève et Postes Canada. Cette dernière a laissé entendre qu'elle pourrait essayer de passer les lignes de piquetage durant la nuit pour récupérer des remorques appartenant à des entreprises privées. En réponse, le syndicat a lancé jeudi un appel à tous ses membres de la région de Montréal pour venir les soutenir cette fin de semaine.

En effet, Postes Canada ne transporte pas soi-même tout son courrier. Elle utilise des entreprises privées pour une partie du transport longue distance. Alain Laroche, 5e vice-président du STTP à Montréal, remarque dans une entrevue avec l'Étoile du Nord:

« Ils auraient dû venir les chercher avant, parce qu'il y en a plusieurs dans la cour. Quand t'en a besoin et que tu sais qu'il y a un conflit qui arrive, et qu'il est annoncé 72 heures à l'avance, tu viens chercher tes affaires. Mais ils ne l'ont pas fait. Ça, c'est leur problème. »

Mais ce n'est pas tout. M. Laroche explique que « depuis le début de la grève, l'employeur communique avec nous pour essayer de faire entrer un constructeur, parce qu'ils veulent faire des rénovations à l'intérieur. » Les pompiers sont aussi venus éteindre les feux des travailleurs. Ceux-ci se réchauffent sur les piquets de grève en brulant du bois dans des barils.

« Les pompiers nous ont dit que c'étaient eux autres qui avaient appelé », ajoute-t-il. « Donc là, on a décidé de bloquer les accès au stationnement, pour que leur constructeur ne puisse plus rentrer, et que leur superviseur aille se stationner à l'extérieur pour avoir accès à l'établissement. »

Leurs demandes pour améliorer la poste refusées

Environ 55 000 travailleurs de Poste Canada, syndiqués avec le Syndicat des Travailleurs et Travailleuses des postes (STTP), sont en grève depuis vendredi matin

M. Laroche déclare que le moral des grévistes est très bon. « Près de 70% de nos membres sont sur les lignes de piquetage. C'est très bien, le monde répond à l'appel, et nos piquets sont 24h sur 24. »

Les travailleurs de la poste demandent de meilleures conditions, mais ils veulent aussi que Postes Canada reste utile à la société. « Je peux vous le dire que pendant la pandémie, ça explosait de colis dans l'établissement. On avait été chercher une grosse part du marché, puis nos dirigeants de Postes Canada n'ont pas su garder les clients. »

Les grands patrons de Postes Canada n'ont pas pu s'adapter aux changements récents dans l'industrie. Malgré les demandes du syndicat, ils ne font toujours pas de livraison la fin de semaine. 

« Ça fait des années qu'on se bat pour dire à Postes Canada de se diversifier », ajoute le syndicaliste. « Dans plusieurs systèmes postaux dans le monde, ils ont été chercher des services bancaires. Ça réussit bien. Il y a d'autres modèles, mais Postes Canada, ça fait des années qu'ils nous disent 'non, non, non'. »

Alain Laroche, François Joannette et Nathalie Desnoyers

Les travailleurs souhaitent utiliser la forte présence de la poste dans les petites villes, les villages et les régions pour fournir des services publics importants, comme de l'aide pour la surveillance des aînés en perte d'autonomie.

François Joannette, commis, explique à l'Étoile du Nord comment ça fonctionne en France: « Mettons, moi, je m'inquiète de ma mère. Je ne la vois pas souvent et je reste quand même loin de chez eux. Je pourrais payer pour avoir le service de vigilance pour surveiller ma mère. »

« Ils ont des questions qu'ils posent. Est-ce que la madame a répondu? Est-ce qu'elle est en santé? Est-ce qu'elle semble cohérente? Et ça, c'est transmis aux services de santé, pour dire que la madame est encore là et qu'elle est correcte. »

« Des fois, on est la seule personne que les aînés voient à tous les jours », ajoute Nathalie Desnoyers, elle aussi commis chez Postes Canada.

Les travailleurs ont expliqué à l'Étoile du Nord qu'au lieu de développer ce genre de service, Postes Canada investissent dans de la machinerie qui reste inutilisée. Entre autres, la société d'État aurait acheté une machine de tri des colis au coût de plusieurs millions de dollars qui ne fonctionne pas.

De plus, Postes Canada a mis de côté un milliard de dollars en 2022 pour effectuer une transition énergétique, entre autres en achetant des camionnettes électriques. Les travailleurs ont confirmé à l'Étoile du Nord que beaucoup d'entre elles sont stationnées près de l'entrepôt et sont inutilisées depuis des mois.

Pourtant, la société d'État répète à tous ceux qui veulent l'entendre qu'elle est en difficulté financière. Les travailleurs de Postes Canada ont expliqué que la compagnie étatique tend à présenter ces coûts comme des dépenses au lieu d'investissements. Cela l'avantagerait à la table des négociations. ​

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