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Depuis quelques mois, des enquêtes journalistiques ont révélé le rôle surdimensionné et inquiétant joué par la firme de consultants McKinsey dans la gestion de la COVID-19 au Québec et en Ontario. La même firme a aussi conseillé le gouvernement américain et plusieurs autres pays dans cette période.
Au Québec, McKinsey facturait 35 000 dollars par jour (!) pour ses bons conseils. Pour ce cachet journalier, assez proche du salaire annuel net médian d’un travailleur canadien, la firme a fourré son nez dans la gestion du personnel en CHSLD, dans le discours officiel sur la pandémie, dans le plan de relance de l’économie dont on a pu apprécier toute l’ « efficacité » depuis, et dans bien d’autres dossiers encore.
En Ontario, la vérificatrice générale Lysyk a conclu dans un rapport de 231 pages que c’est McKinsey plutôt que la Santé Publique qui a dirigé la réponse provinciale à la pandémie. Il n’y a aucun doute que d’autres révélations de ce genre suivront.
Si les projecteurs sont pour le moment braqués sur McKinsey, c’est toute une industrie de la consultation para-gouvernementale qui est mise en lumière. Ainsi, le cabinet d’audit Deloitte a lui aussi influencé la gestion de la pandémie au Québec, en Ontario mais aussi en Alberta.
Deloitte et McKinsey ne sont que deux rejetons de toute une industrie transnationale de la consultation externe, à laquelle appartiennent aussi les firmes KPMG, DwC et d’autres. Cette industrie, qui n’est redevable à personne excepté ses grands actionnaires, semble avoir largement piloté une gestion pandémique qui s’est révélée catastrophique de deux manières.
Guidés par ces firmes, les gouvernements provinciaux ont été incapables de prévenir la mort de milliers de personnes âgées, malades ou vulnérables. En même temps, ils ont fait reculer les droits et libertés de la population de manière drastique à coups de couvre-feux et d’amendes. Ils ont poussé les travailleuses de la santé au bord du burn-out. Ils administrent maintenant à coups de hausses de taux directeur une montée vertigineuse du coût de la vie et nous appauvrissent pour « sauver l’économie ».
Les tentacules de ces firmes s’étendent bien plus loin que la seule gestion de la COVID. McKinsey s’illustre aussi présentement en aidant Trudeau à gérer la débâcle du système de paie fédéral Phénix, connu pour priver les employés du secteur public de leurs salaires pendant des mois ou des années.
La firme a aussi aidé à promouvoir l’usage des opiacés qui tuent maintenant à petit feu des gens sur le continent entier. Elle vient souvent en aide aux alliés les moins fréquentables des gouvernements canadien et américain, dont l’Arabie Saoudite et la Turquie.
Dans un tel contexte, ne nous étonnons pas si de moins en moins de gens font confiance à nos gouvernements. Leurs décisions apparaissent de plus en plus clairement comme étant faites « par et pour » les multinationales les plus douteuses, aux dépens des intérêts du monde ordinaire. En recourant aux consultants privés, les gouvernements fédéral et provinciaux échappent au modeste degré de transparence qui encadre les activités des élus et des lobbies enregistrés, nous laissant dans l'ombre quant à leurs décisions et projets.
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