L'Étoile du Nord

Pénurie d’enseignants

Le gouvernement québécois improvise des solutions

Temps de lecture:2 Minutes

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Au Québec, la pénurie d'enseignants dénoncée depuis des années par les syndicats de l'éducation vient d'atteindre un nouveau sommet. À quelques jours de la rentrée scolaire, Bernard Drainville, le ministre de l'Éducation, a annoncé que 8558 postes d'enseignant sont toujours vacants. À pareille date l'an dernier, il manquait 5335 enseignants. Selon le milieu de l'éducation, les solutions proposées par le ministre laissent à désirer.

À cela s'ajoute un manque à gagner important dans le personnel de soutien. Le réseau scolaire affiche un manque de quelques 1440 techniciens en éducation spécialisée (TES), 1608 éducateurs en service de garde, 912 psychoéducateurs, orthophonistes et psychologues.

Bernard Drainville a annoncé qu'il ne pouvait pas assurer que tous les groupes seraient ouverts et auraient un enseignant pour la rentrée. Son objectif est d'avoir au moins un adulte, qualifié ou non, par classe. "Parfois c'est ça ou rien du tout", a-t-il lancé en conférence de presse. L'an dernier des postes sont restés vacants toute l'année.

Geneviève Sirois, chercheure au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante, déplore l'absence de stratégie de la part du ministère de l'Éducation pour s'attaquer à la source du problème. Elle qualifie de "risible" la prime mise en place par Drainville pour retenir les enseignants au bord de la retraite comme solution d'urgence. À Montréal, seuls cinq enseignants ont choisi de prendre la prime et repousser leur retraite, pour quelque 250 départs.

Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l'enseignement (FAE), s'inquiète de l'impact que la pénurie aura sur l'éducation des élèves. "Il est absurde qu’on soit collectivement rendus à considérer que de mettre « un adulte » devant une classe soit une solution, en espérant que ce soit suffisant pour éduquer et instruire nos enfants."

Pour la FAE et la Fédération des syndicats de l'enseignement (FSE), la solution à la pénurie se trouve dans l'amélioration des conditions de travail des enseignants. Mélanie Hubert a déclaré en entrevue: « Nous, les échos qu’on a du terrain, ce qui va faire la différence, c’est changer ce qui se passe dans la classe au quotidien, et ça, c’est la négociation qui va le régler. »

Le gouvernement négocie actuellement une nouvelle convention collective avec les syndicats d'enseignants. Or, pour cinq jours de disponibilités par semaine offerte par le comité de négociation de la FAE, la partie patronale n'en offrait qu'une. Lorsque le comité de négociation de la FAE a sollicité une accélération des pourparlers, le gouvernement a affirmé qu'ils étaient déjà intensifiés.

La FAE et la FSE évoquent toutes deux la possibilité d'une grève pour faire débloquer les négociations. La FAE a déjà lancé un appel à une grève du zèle à ses membres. Une grève du zèle désigne une action où les travailleurs exécutent leurs tâches strictement selon les règles et procédures officielles, les poussant à l'absurde, dans le but de ralentir le travail et protester sans arrêter complètement le service. De plus, l'Alliance des Professeures et Professeurs de Montréal, qui représente le plus gros centre de service scolaire du Québec, a adopté à 98% un mandat de grève générale illimitée.

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