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Lors de la récente résolution de la grève menée par les travailleurs fédéraux le 4 mai, un aspect crucial est apparu: l'importance qu'avait pour eux le travail à distance. Les employés de l'Agence du revenu du Canada (ARC), une partie importante des grévistes, ont été au centre de cette discussion. Leur demande de protection du télétravail n'était pas seulement une question de confort, mais aussi de coût de la vie.
Pendant la pandémie, les employés de l'ARC, comme d'autres au pays, ont été forcés de passer au télétravail. Bien que cette politique comportait des inconvénients comme l'isolement, l'acquisition de matériel, la communication difficile et la sédentarité accrue, elle offrait également des avantages inattendus pour les travailleurs. Elle réduisait leurs frais de déplacement, tels que les frais de transport—considérant le prix élevé de l'essence à la pompe—et de stationnement.
Comme l'a souligné Tannis Dorward, capitaine de grève de l'AFPC à Winnipeg, les gens en ont également profité pour réaménager leur vie et pour faire des économies supplémentaires. "Ils ont déménagé leurs parents âgés dans leur maison et ont commencé à s'en occuper à temps plein, ils ont annulé leur garderie, ils ont vendu leur véhicule." Cela leur a permis de mieux s'occuper de leur famille et de réduire leur niveau de stress.
Les économies réalisées grâce au télétravail ont été cruciales pour les employés de l'ARC tendant vers le bas de l'échelle salariale. Les salaires des fonctionnaires peuvent être élevés, mais beaucoup se situent entre 40 000$ et 28 000$ par an. La majorité gagne moins de 65 000$ par an. Avec une inflation particulièrement intense, l'argent sauvé par le télétravail peut être significatif dans le budget familial.
La politique gouvernementale de retour au travail mettait en péril ces gains. Sans consultation adéquate avec le syndicat ou les travailleurs, la décision de mettre fin au télétravail a été une surprise désagréable pour ceux-ci. Dorward explique que, "juste avant Noël 2022, on a dit à ces travailleurs de revenir travailler dans les deux ou trois mois suivants."
Le retour au travail en personne a posé un défi unique aux travailleurs de l'ARC ayant un bas salaire. Ils ont dû faire face à un coût de la vie plus élevé et réorganiser leur vie une fois de plus. Ce fardeau supplémentaire, avec leurs revenus limités, a fait de la politique de retour au travail une préoccupation encore plus importante pour ce groupe.
Comme l'avait souligné Marianne Hladun, vice-présidente de l'AFPC pour les Prairies, "l'idée fausse qui circule est que nous gagnons tous des revenus à six chiffres avec des pensions en or." Elle ajoute que les gens présents sur le piquet de grève étaient souvent les moins bien payés de la fonction publique fédérale. "Ce sont concierges, les préposés au courrier, les gens qui répondent au téléphone. Ils ne gagnent pas 125 000$."
Elle explique aussi que "dans les Prairies, je pense que le gouvernement fédéral a manqué une chose dans tout ce processus: en autorisant le travail à distance, nous avons maintenant ouvert la fonction publique aux membres des communautés rurales. Tant que vous avez une connexion Internet, vous pouvez faire partie de la fonction publique."
Alors que la grève a finalement pris fin le 4 mai 2023, la convention collective arrachée à leur employeur par les travailleurs de l'ARC préserve partiellement la protection du travail à distance. Cela pourrait aider les travailleurs et leurs familles, alors que le gouvernement devra évaluer les demandes de télétravail individuellement sans les rejeter en bloc. La solidarité entre collègues et le soutien du public ont été cruciaux pour obtenir ces avantages, selon Tannis Dorward, capitaine de la grève.