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Les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), qui représente plus de 80 000 infirmières, perfusionnistes et inhalothérapeutes, ont voté contre le projet de convention collective proposé par le gouvernement du Québec. Le vote s'est terminé le vendredi 12 avril et a vu un taux de participation remarquable de 77% des membres. Les dernières négociations entre la FIQ et le gouvernement font suite aux grèves de l'automne et de l'hiver derniers, les premières pour les infirmières du Québec depuis 1999.
En mars, les délégués du syndicat ont voté pour recommander l'accord à ses membres par une marge étroite après avoir rejeté à l'unanimité quatre versions précédentes. Les dispositions de l'accord proposé comprenaient une augmentation de 17,4% sur cinq ans—à peine une augmentation comparée au taux d'inflation—ainsi que des mesures de mobilité forcée, que de nombreuses infirmières ont critiquées comme étant préjudiciables à la fois aux infirmières et aux patients.
« C'est comme si le gouvernement ne nous considérait pas comme des personnes. Ils nous considèrent comme des meubles qu'ils peuvent déplacer à leur guise. Nous sommes des êtres humains et nous avons notre expertise. Nous avons souvent des connaissances spécialisées dans les unités où nous avons travaillé. Ce n'est pas quelque chose que l'on peut prendre et jeter ailleurs. On ne demanderait jamais à un pédiatre de remplacer un neurochirurgien », explique Natalie Stake-Doucet, professeur de sciences infirmières à l'Université de Montréal.
Une autre infirmière, Tanya (un pseudonyme), a fait part à l'Étoile du Nord de ses vives inquiétudes quant à la possibilité d'être déplacée vers d'autres établissements. « Si je suis déplacée de force de 25 kilomètres vers un autre lieu de travail, tout ce qu'ils feront, c'est me forcer à démissionner. Tout le monde n'a pas de voiture. Beaucoup de mes collègues sont des mères de famille, et les déplacer de 25 kilomètres pourrait complètement bouleverser leur vie en termes de garde d'enfants et même de temps passé avec leurs enfants. »
Elle poursuit : « L'augmentation de salaire suggérée est également irrespectueuse. Alors que les politiciens se sont octroyé 30% et que les policiers ont voté contre 21%, pourquoi devrions-nous accepter une augmentation de 17,4% sur cinq ans? Sans compter qu'ils ont récemment supprimé une prime de 3,5% qui était censée être incluse dans notre prochaine convention collective, de sorte que l'augmentation réelle est plutôt de 13,9%. [...] Je comprends pas non plus pourquoi le Front Commun a accepté un accord aussi médiocre [en février] après avoir mené une lutte aussi inspirante et unitaire. J'ai de la peine pour les travailleurs qui sont coincés dans cet accord. »
Les infirmières du Québec sont les moins bien rémunérées au Canada, ce qui ne fait qu'exacerber les problèmes de rétention des infirmières dans la province. La FIQ attribue cette situation en grande partie aux conditions de travail. Dans son communiqué de presse publié à la suite du vote de vendredi, la FIQ souligne que « Au Québec, il n'y a jamais eu autant de professionnelles en soins actives : environ 82 000 infirmières, près de 30 000 infirmières auxiliaires, plus de 4500 inhalothérapeutes, près d’une centaine de perfusionnistes cliniques. Ce qu’il manque, ce sont des professionnelles en soins prêtes à travailler aux difficiles conditions du réseau public. »
La présidente de la FIQ, Julie Bouchard, a pris la décision peu courante de critiquer le rejet de l'entente par la base. « J'étais déçue, parce que lorsqu'on a une entente de principe entre les mains et qu'on la recommande [...] c'est parce qu'on y croit », a-t-elle déclaré en conférence de presse à la suite du vote.
Tanya nous a expliqué que les représentants de sa section locale n'avaient pas recommandé l'accord, une décision qui lui a valu le respect de la base locale. « J'ai confiance dans le fait que mes délégués locaux se battent pour moi », a-t-elle déclaré. « Je ne peux malheureusement pas en dire autant des dirigeants de la FIQ. Je pense qu'ils ont peut-être besoin de passer un peu plus de temps en première ligne parce qu'ils ont peut-être oublié pour qui ils se battent. »
La présidente du Conseil du Trésor du Québec, Sonia LeBel, a répondu sur X/Twitter samedi, indiquant que le gouvernement continuerait à faire pression pour obtenir de la « flexibilité » de la part des infirmières.
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