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Malgré l’existence d’une loi interdisant aux élus québécois d’obtenir des cadeaux d’une valeur de plus de 200$, le ministre québécois de l'économie Pierre Fitzgibbon s’est permis une partie de chasse au faisan sur une île privée. Il y aurait été invité par de richissimes hommes d’affaires qui bénéficient de subventions publiques.
L’île en question est détenue par une compagnie à numéros appartenant en partie à Paul Desmarais et Jean-Louis Fontaine : le président de Power Corporation et un ancien dirigeant de Bombardier, respectivement. Ces deux compagnies figurent au premier et troisième rang des plus grandes entreprises québécoises, avec des chiffres d’affaires situés dans les dizaines de milliards de dollars.
Cette partie de chasse avec le ministre survient peu de temps après que son gouvernement ait octroyé plus d’une centaine de millions de dollars en prêts, en investissements et en aide financière à des compagnies associées à la Power Corporation, méga-entreprise de la richissime famille Desmarais critiquée pour son influence majeure sur les politiques fédérales.
Bombardier, pour sa part, s’est vu octroyé plus de 2 milliards de dollars en aide financière de la part du gouvernement québécois au cours des dernières années. Cette injection massive d'argent publique coincide avec des hausses de rémunérations importante chez les haut dirigeants de Bombardier, qui ont reçu en moyenne 4.2 millions de dollars de prime en 2021. À titre de comparaison, l'employé moyen chez Bombardier gagne un peu plus de 130 000$ par année. Ce montant a bondit de 25 000$ après le licenciment de 56 000 employés.
Ces milliards de dollars d'aide financière ne semblent même pas suffisants pour garder les opérations de l'entreprise au Québec. En effet, depuis 2015, Bombardier déplace ses opérations vers des usines au Mexique, en Inde et au Maroc, où il est possible pour la compagnie de payer leurs employés beaucoup moins cher pour le même travail.
La partie de chasse sur l'île privée a donné lieu à la sixième enquête de la commissaire de l’éthique sur Pierre Fitzgibbon en moins de quatre ans. La cinquième enquête, ouverte il y à moins d’un mois, portait sur une aide de 50 millions de dollars octroyée à l’entreprise LMPG (dans laquelle Power Corporation est un actionnaire majoritaire), anciennement administrée par le ministre lui-même et aujourd’hui administrée par le mandataire de la fiducie de Fitzgibbon.
Les autres enquêtes portaient notamment sur les investissements du ministre dans plusieurs compagnies ayant des liens avec le gouvernement québécois ainsi que sur la nomination de Guy Leblanc comme patron d’Investissement Québec, malgré les intérêts de Fitzgibbon dans l’entreprise de son fils.
En réponse à la tempête médiatique causée par cette affaire, le ministre Fitzgibbon affirme qu'il continuera ses parties de chasses sur l'île privée et croit n'avoir rien à se reprocher.