L'Étoile du Nord

Grèves dans le transport scolaire québécois

Les chauffeurs de bus gagnent leur lutte pour de meilleures conditions de travail

Temps de lecture:3 Minute

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Depuis octobre 2023, les chauffeurs d'autobus scolaires du Québec sont de plus en plus actifs. Des centaines de travailleurs de plusieurs syndicats de la province ont déclenché des grèves qui ont permis d'améliorer considérablement les conditions de travail et d'obtenir des augmentations de salaire, souvent supérieures à 50 %.

Leur colère provient, entre autres, d'une décision prise par le gouvernement québécois de la CAQ en février 2023. Il a approuvé l'injection de 112 millions de dollars dans les entreprises de transport scolaire, soi-disant pour améliorer les services et répondre aux besoins urgents des entreprises de transport et de leurs chauffeurs, notamment par des augmentations de salaire.

Cette décision a été prise dans un contexte de détérioration des conditions de travail, qui a entraîné des pénuries de conducteurs et des annulations de trajets en nombre record. Cependant, au lieu d'utiliser ces fonds comme prévu, les entreprises de transport ont emprunté une autre voie.

Une grande partie des fonds a été empochée par les patrons, laissant les chauffeurs à lutter pour joindre les deux bouts avec des salaires de 15 à 17 dollars de l'heure dans une période d'inflation vertigineuse. Par exemple, le PDG de Sogesco, la plus grande entreprise privée de transport au Québec, a reçu une augmentation de salaire de 114 907 $ au début de l'année 2023.

Suivant l'example de d'autres chauffeurs d'autobus syndiqués de la province (comme les chauffeurs d'autobus scolaires affiliés aux Teamsters dans les régions de l'Outaouais et de Québec qui, en 2023, ont obtenu des augmentations de salaire allant jusqu'à 67 % sur 6 ans), les chauffeurs des régions de Montréal et de Drummondville luttent contre leurs patrons entêtés depuis le début de l'année, votant respectivement à 90 et 96 % en faveur de l'adoption de tactiques de pression et de mandats de grève.

Les membres du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus Idéal-CSN (STTAI-CSN) de Montréal ont tenu une grève de deux semaines en avril et, le 9 mai, ont voté à 88 % en faveur d'une entente de principe. Cette entente accorde aux chauffeurs du STTAI-CSN une augmentation salariale de 31,5 à 58 %, rétroactive au 1er juillet 2023 et une augmentation salariale de 45 à 74 % au cours des cinq prochaines années (ainsi que d'autres ajouts nécessaires tels que des jours de maladie payés supplémentaires et une rémunération pendant les périodes de pause).

Dans la région de Drummondville, le Syndicat des travailleuses et travailleurs des Autobus Voltigeurs-CSN (STT des autobus Voltigeurs-CSN) est en grève depuis le 8 avril après avoir adopté un mandat de grève le 29 janvier à 96 %.

Les chauffeurs de cette région sont les moins bien payés du Québec et ont déclenché une grève après que des négociations approfondies ont vu les patrons offrir une augmentation maximale de 15 %, même après l'intervention d'un conciliateur provincial.

« Nous sommes très fiers d’avoir soutenu cette lutte exemplaire menée par les membres du syndicat. Leurs nouvelles conditions de travail rejoignent celles de centaines d’autres chauffeuses et chauffeurs qui doivent se battre actuellement, partout à travers la province pour obtenir leur dû », affirme Stéphanie Gratton, présidente par intérim de la Fédération des employées et employés de services publics-CSN (FEESP-CSN) dans un communiqué de presse sur la victoire de la STTAI-CSN.

« Il était grand temps que leur difficile travail accompli chaque jour scolaire reçoive une reconnaissance par des salaires conséquents », ajoute Mme Gratton.

Pour sa part, Bertrand Guibord, secrétaire général du Conseil central du Montréal métropolitain-CSN, a déclaré que « Quand on se bat pour améliorer nos conditions de travail et de vie, on le fait avec notre cœur et avec cette conviction de la juste cause. Tout au long de leur négociation et de leurs actions, les membres ont porté fièrement leurs convictions liées à la dignité du travail des chauffeuses et chauffeurs d’autobus scolaire ».

« Nous partageons leur satisfaction et nous sommes convaincus que leur contribution à ce combat constitue une avancée pour toutes et tous », conclut M. Guibord.

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