L'Étoile du Nord

L’inflation alimentaire persiste

Les prix des aliments compressent les budgets partout au pays

Temps de lecture:3 Minutes

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Plusieurs semaines après que les PDG des supermarchés aient témoigné devant le parlement canadien au sujet des prix record des denrées alimentaires, les dernières données sur l'inflation montrent que les prix des denrées alimentaires restent élevés. En mars, Statistique Canada signale une baisse globale de l'inflation à 4,3%, mais les prix des denrées alimentaires restent élevés à 10%. Selon les experts, la raison de cette disparité est multiple: l'augmentation des coûts de transport et la guerre en Ukraine seraient supposément les facteurs principaux.

Toutefois, certains économistes remettent en question les bénéfices records réalisés par les supermarchés. Le 13 février, l'économiste Jim Stanford a témoigné en tant qu'expert dans le cadre de l'enquête de la Chambre des communes sur la hausse des prix des denrées alimentaires. En réponse aux affirmations des PDG des supermarchés, selon lesquelles les profits ont augmenté à cause de ventes totales plus grandes qu'à l'habitude et pas à cause des marges bénéficiaires, M. Stanford déclare que cela est "totalement faux" et que "la marge bénéficiaire nette moyenne dans le commerce de détail a augmenté d'environ trois quarts depuis la période précédant la pandémie".

Jim Stanford

Les Canadiens s'inquiètent également de cette disparité. Un rapport récent du laboratoire d'analyse agroalimentaire de l'université Dalhousie a révélé qu'un tiers des Canadiens pensent que les prix abusifs sont l'une des principales causes de l'inflation des prix des denrées alimentaires. Ken, un habitant de Guelph, déclare à l'Étoile du Nord qu'il "fais partie des gens chanceux, moi et ma femme, mais j'ai un gros problème avec une inflation de 4,3% et des prix alimentaires de 10%. Les prix des denrées alimentaires doivent baisser. Je m'en fout, ils font des millions de dollars de bénéfices, je ne suis pas du tout d'accord avec ça".

L'inquiétude est justifiée. En 2017, Loblaws a admis avoir participé à un système de fixation des prix du pain pendant des décennies, en échange d'une immunité et d'une coopération avec le Bureau canadien de la concurrence (BCC). Depuis 2017, le BCC a ouvert une enquête sur les supermarchés prétendument liés au système de fixation des prix, tels que Sobeys, Walmart et Metro. Cinq ans plus tard, on ne sait toujours pas quand l'enquête prendra fin ni ce qu'elle donnera.

Le 8 mars, les PDG des supermarchés ont été convoqués pour témoigner devant le Parlement. Galen Weston Jr, Eric La Flèche de Metro et Michael Medline d'Empire, propriétaires de Sobeys, Safeway et Frescho, ont été interrogés au cours d'un échange animé. Tous se sont empressés d'affirmer que les profits records n'étaient pas la cause de l'inflation des denrées alimentaires. Les PDG ont déclaré qu'un meilleur marketing, de nouveaux produits et un meilleur service à la clientèle les expliquaient.

Stanford n'est pas d'accord. Dans son témoignage devant la commission d'enquête de la Chambre des communes, il souligne que "les Canadiens achètent en fait moins de produits alimentaires qu'avant la pandémie, mais les paient beaucoup plus cher... Contrairement à ce qu'ils [les PDG des supermarchés] prétendent, à savoir qu'ils perçoivent une marge bénéficiaire constante d'une activité en pleine croissance, l'activité réelle des supermarchés est en fait en train de se contracter". La diminution du volume des ventes réelles des supermarchés, mais l'augmentation de leurs bénéfices, mettent en évidence un autre facteur expliquant que les prix des denrées alimentaires restent élevés au Canada, malgré le ralentissement général de l'inflation.

Ken est également sceptique quant aux affirmations des PDG des supermarchés. Lorsqu'on lui a demandé ce qu'il fallait faire à la suite de l'audition parlementaire, Ken dit qu'il pense qu'il faut "premièrement, réduire leurs profits. Deuxièmement, diminuer le prix des denrées alimentaires pour que les gens puissent vivre. Si vous touchez une pension comme certains de ces personnes âgés qui n'ont pas les moyens de manger, c'est de la marde. Nous devons nous occuper de notre propre monde au Canada, et nous devons commencer à élever les gens au Canada pour que ce monde-là ne puissent pas continuer à faire des profits records. Nous devons nous occuper des gens d'en bas" [il montre le sol].

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