Abonnez-vous à notre infolettre:
Les professionnels de l’Université Concordia ont arraché à leur direction intransigeante une nouvelle convention collective qui répond enfin à leurs demandes, grâce à une mobilisation décisive au début de septembre. Dès la rentrée, près de 600 travailleurs avaient fait la grève pendant une semaine, après un an de négociations infructueuses, notamment sur la question du télétravail.
Ainsi, 18 septembre dernier, les membres du Syndicat des employé-e-s professionnel-le-s de l'Université Concordia (SEPUC-CSN) ont finalement adopté une entente de principe, avec 91 % des voix en faveur.
Parmi les acquis de cet accord, on retrouve un meilleur encadrement des normes sur le télétravail, des augmentations salariales et un horaire de travail plus flexible pour favoriser la conciliation travail-famille. Avec ces nouvelles mesures, les travailleurs du SEPUC-CSN seront donc mieux protégés contre des décisions de l'administration qualifiées d'arbitraires.
L'Étoile du Nord s'est entretenue avec les travailleurs sur la ligne de piquetage au moment de leur débrayage. « Évidemment, l'inflation post-pandémique a frappé fort. On voulait des augmentations de salaire en fonction du coût de la vie, » explique Michael Schmid, vice-président du comité de communications du SEPUC-CSN.
« En plus, on travaillait sur une semaine de travail comprimée pour permettre aux familles de mieux faire leur travail et de prendre un jour de congé à la maison. En gros, on travaille une heure de plus par jour et on prend son vendredi. Mais le point le plus important, c'était le travail hybride. »
À ce moment, le télétravail n'était pas réglementé par la convention collective entre l'Université et le syndicat. « Notre objectif est d'essayer de rétablir un peu d'équité dans le processus et de faire en sorte que l'université se justifie. Pourquoi rappeler toutes ces personnes alors qu'elles peuvent rester chez elles ? On veut juste un traitement équitable et codifier ça dans notre convention collective. »
Toutefois, avant le recours à la grève, la partie patronale s'était montrée intransigeante quant à l'encadrement du recours au télétravail. Schmid explique qu'elle voulait « avoir le pouvoir de décider où les gens travaillent, et ainsi de suite, et c'est un peu une vieille façon de faire. »
« Ils ont fait une offre qui ne nous donnait pas vraiment ce dont on avait besoin. Elle codifiait en quelque sorte le statu quo, en gros, ils avaient le contrôle total. » [...] « C'était pas suffisant. On a procédé à un vote spécial sur cette offre globale mardi, quand elle a été présentée. On l'a rejetée. On avait besoin de plus que ça. »
Le syndicat a donc appliqué son mandat de grève pour faire débloquer les négociations. L'Université a refusé de se présenter à la table jusqu'à la veille de la grève. « Ils savaient exactement à quel point cette question-là nous tenait à cœur. Il a fallu attendre la veille pour qu'ils se réveillent et commencent à négocier. »
Derrière le refus de Concordia d'accepter le télétravail se cacherait une volonté d'enlever de l'autonomie aux professionnels. Or, selon Sigmund Lam, vice-président des négociations, l'administration est complètement déconnectée du terrain. « Les décisions sont prises par des personnes au sommet, qui ne sont pas en contact avec les activités quotidiennes. »
Selon Lam, leur demande calquait simplement ce qui est déjà en place dans les autres universités. « McGill est "virtuel en premier". L'UQAM et l'UDM ont de meilleures politiques hybrides que nous. En fait, pour faire simple, Concordia a la pire politique hybride des grandes universités montréalaises. »
De plus, Schmid pense le télétravail pourrait aussi être bénéfique pour les étudiants. « Le but n'est pas de réduire les services. Au contraire, il a été démontré que lorsque les gens n'ont pas à se déplacer, ils font plus d'heures par jour. Lorsqu'ils sont chez eux, sans distractions, ils accomplissent plus de tâches. Il s'agit de trouver un juste milieu qui profite à tous. »
Il pense également que la nouvelle convention collective du SEPUC-CSN pourrait avoir des retombés positives pour les autres employés de Concordia. « Si on montre des failles dans cette lutte de pouvoir qu'ils mènent, ils pourraient être obligés de le donner à tout le monde. La nouvelle convention collective du SEPUC-CSN pourrait avoir ouvert la porte, et ils ne peuvent plus la refermer. »