L'Étoile du Nord

Grève à Lantic Sugar Vancouver

Les travailleurs affrontent les ambitions de profits de Rogers Sugar

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Les négociations entre les travailleurs de la raffinerie de sucre Lantic Inc. et la compagnie Rogers Sugar Inc. ont été rompues, a déclaré Adrian Soldera, président de la section locale 8 des Travailleurs et travailleuses des secteurs public et privé du Canada. Les employés de la raffinerie sont en grève depuis le 28 septembre, après que Rogers Sugar Inc ait demandé à l'entreprise de modifier la semaine de travail et d'introduire des quarts de travail de 12 heures pour certains travailleurs, dans l'espoir de faire fonctionner la raffinerie sept jours par semaine.

« Malheureusement, il n'y a pas d'autres discussions prévues. Nous avons eu un jour et demi de négociations avec médiation la semaine dernière, qui n'a pas abouti à une convention collective. Il n'y a donc rien de prévu pour l'instant », a expliqué M. Soldera lors d'un entretien avec Stephen Quinn dans l'émission The Early Edition sur la chaîne CBC.

« Actuellement, nos membres travaillent du lundi au vendredi, par quarts de 8 heures. [L'usine fonctionne] 24 heures par jour, mais en trois quarts de travail par jour. »

Le 24 novembre, la Presse canadienne a rapporté que Rogers Sugar Inc. a fait appel au British Columbia Labour Relations Board en tant que médiateur pour faire pression sur le syndicat afin qu'il capitule devant les demandes de l'entreprise, mais les travailleurs ont maintenu leurs conditions pour mettre fin à la grève. M. Soldera expliquait que « le médiateur a certainement entendu les deux parties, mais nous n'avons pas pu faire de progrès ».

« L'entreprise maintient qu'en raison de la demande du marché, elle estime qu'elle doit augmenter sa production et qu'elle aimerait mettre en place un fonctionnement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par an, ainsi qu'un roulement obligatoire de 12 heures. » M. Soldera a déclaré que ces exigences affecteraient « beaucoup de jeunes familles [...] et qu'il est évident que cela n'est pas bon pour maintenir l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée qu'ils ont actuellement ».

Les affirmations de Rogers Sugar Inc. quant à une augmentation de la demande sont plus que douteuse. En fait, la production dans le marché canadien reste relativement stable depuis des dizaines d'années, s'adaptant simplement à la population grandissante. Selon les propres chiffres du Canadian Sugar Institute—une organisation de lobbyistes payés par les deux entreprises monopolistes canadiennes contrôlant presque 100% du marché, Red Path et Roger—la consommation de sucre par habitant est en baisse constante.

Il se pourrait bien que ce soit plutôt l'appel du marché américain qui motive Rogers Sugar Inc. Si les prix alimentaires y sont généralement plus bas, dans le cas du sucre, c'est le contraire. Selon un article du Globe and Mail de janvier, les manufacturiers canadiens saliveraient devant cette opportunité de profits.

L'énorme raffinerie de Vancouver est aujourd'hui maintenue en activité de peine et de misère par quelques douzaines de cadres et d'employés non syndiqués, qui, selon certains membres du syndicat, travaillent des quarts de 14 à 16 heures. En outre, comme le rapporte The Tyee, il semble qu'un ingénieur doive être présent sur les lieux lorsque l'usine est en activité, et qu'aucun ingénieur n'ait été vu en train de quitter l'usine depuis le début de la grève. Selon les membres du syndicat, des lits de camp ont été apportés dans le bâtiment par les directeurs et les employés bloqués dans l'usine semblent vivre de livraisons de nourriture.

Les travailleurs sont restés sans salaire pendant toute la durée de la grève et sont impatients de reprendre le travail, explique M. Soldera, mais Rogers Sugar Inc. et le syndicat restent fermes sur leurs objectifs et semblent bloqués dans une impasse jusqu'à ce que l'un d'entre eux cède sur ses revendications. « Nous maintenons que nous sommes tout à fait disposés à retourner à la table [des négociations] [...] Sans cette opération continue proposée par l'entreprise, nous pensons que nous pouvons parvenir à un accord assez rapidement. » Et de poursuivre : « Nous ne nous attendions pas à ce que cela dure aussi longtemps. Nos membres sont sans contrat depuis le 28 février. »

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