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Le 9 octobre, plus de 25 000 travailleurs de la santé syndiqués au SCFP et au MGEU à Winnipeg et dans les régions avoisinantes du sud ont obtenu une entente de principe quelques heures avant que les travailleurs ne se rendent sur la ligne de piquetage.
L'entente, que les membres ont ratifiée le 18 octobre, prévoit des augmentations fixes de 3,00 $ et de 2,65 $ l'heure pour chaque groupe de négociation, en plus d'une augmentation salariale de 12,25% au cours de la période de quatre ans visée par l'accord. Cela représente une augmentation moyenne des salaires de 27% au cours des quatre prochaines années.
« Une gifle »
Les syndicats ont dû attendre plus d'un mois avant de recevoir le nouvel accord, après avoir rejeté la première proposition de la province, qui prévoyait une augmentation de salaire de seulement 2,5% et 3,6% sur quatre ans.
Dieth, aide-soignant au sein du SCFP 204, a qualifié ce premier accord de « gifle ».
Il a ajouté: « Les travailleurs de la santé [au Manitoba] occupent des emplois parmi les moins bien rémunérés dans le secteur de la santé au Canada. Avec le nouvel accord, les travailleurs de la santé ne seront plus l'emploi le moins bien rémunéré ».
L'offre rejetée comprenait également une réduction des primes de fin de semaine de 8,00 $ à 5,75 $ de l'heure pour les travailleurs des soins à domicile. Ces derniers ne perçoivent qu'un salaire de base de 17 dollars de l'heure pour leur travail physique et parfois dangereux. Si l'on tient compte du taux d'inflation, cela se serait traduit par une baisse de salaire globale, même en tenant compte de l'augmentation du salaire de base sur la durée du contrat de quatre ans.
En raison de la nature de leur travail, de nombreux travailleurs à domicile doivent posséder un véhicule pour se rendre chez leurs clients, ce qui alourdit leur charge économique dans un contexte d'augmentation déjà rapide du coût de la vie.
De nombreux aides-soignants ont également dû faire face à de doubles journées de travail. Bien que l'employeur ne puisse pas obliger les travailleurs à faire des heures supplémentaires, Jackson, une aide-soignante, a décrit comment l'employeur utilise la compassion des travailleurs pour leurs clients comme un moyen de pression pour les obliger à faire des heures supplémentaires afin de pourvoir les postes vacants:
« On a tous un cœur. Personne ne voudra quitter le travail en ne laissant personne d'autre sur place. C'est donc une sorte de culpabilisation ».
Résolus à se battre
Jackson a décrit la détermination des travailleurs à l'approche de la date limite de la grève:
« On était prêts. Il aurait pas été bon pour l'employeur que 25 000 personnes se mettent en grève », a-t-il déclaré à L'Étoile du Nord. « On était tous prêts à se battre pour de meilleurs salaires tout en ayant [...] le soutien du public avec les 15 000 signatures de courriels que nous avions ».
Le nombre total de travailleurs dans les unités de négociation aurait fait de cette action syndicale la deuxième plus importante de la province après la grève générale historique de 1919 à Winnipeg.
Cependant, le fait que les travailleurs de la santé soient désignés comme des travailleurs essentiels réduit considérablement leur pouvoir de grève, puisque seulement 30% de la main-d'œuvre aurait été en mesure de participer à une action de grève à tout moment.
En outre, la province fait appel à des travailleurs contractuels non syndiqués provenant d'agences à but lucratif pour son programme de soins à domicile. Ces travailleurs sont recrutés pour combler les lacunes du système de santé.
Jackson a déclaré à L'Étoile du Nord: « Nous devrions nous appuyer davantage sur nos travailleurs publics qui travaillent dans l'établissement tous les jours et qui entretiennent des relations avec les résidents, plutôt que sur les travailleurs des agences qui sont mieux rémunérés. Ils peuvent combler temporairement les lacunes de notre système, mais cela ne résout aucun des problèmes à long terme qui se posent dans les établissements. »
Renforcer la confiance
Jackson et Dieth ont tous deux cité le syndicat des infirmières du Manitoba comme source d'inspiration. En 2021, les infirmières du Manitoba ont voté massivement en faveur d'une grève.
Dieth a déclaré à L'Étoile du Nord: « Les travailleurs de la santé ont compris que les infirmières défendaient ce qu'elles croyaient et ce qu'elles méritaient ». Jackson a également expliqué que « les infirmières et les médecins ont récemment obtenu des augmentations de salaire très généreuses. Quant aux aides-soignants, ils constituent le filet de sécurité des établissements.
Nous sommes la base de tout. »
Et d'ajouter: « Si les aides-soignants sont mis au chômage, il y aura pas de soins aux résidents. Alors, si tout le monde obtient de généreuses augmentations de salaire et des conventions collectives qui les satisfont, pourquoi pas les aides-soignants? »
Jackson a décrit l'expérience de la préparation du piquet de grève: « Ça a rassemblé les gens. Ils avaient vraiment besoin de trouver des personnes prêtes à répondre aux questions ou à faire des allers-retours avec notre représentant syndical, alors les gens sont venus me voir, sont venus voir d'autres personnes qui s'exprimaient, ont posé beaucoup de questions, et nous avons obtenu les numéros de téléphone des uns et des autres ».
Se référant au fait que les travailleurs se sont réunis et ont discuté avant la grève, Dieth nous a dit: « C'est comme une révélation où ceux qui sont sourds peuvent maintenant entendre, et maintenant ils entendent tout ».
Il a ajouté: « Sans les travailleurs, le ORSW [Office régional de la santé de Winnipeg] n'est rien ».