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Après plus d'un an de grève, les travailleurs de l'hôtel Sheraton de l'aéroport de Vancouver ont enfin signé un nouveau contrat. La bataille acharnée contre la famille milliardaire Lalji, propriétaire de l'hôtel, portait sur des salaires équitables, la transparence des pourboires et des avantages pour les employés de longue date. Plus de 85% des membres ont voté en faveur de la ratification du nouveau contrat.
Le nouveau contrat garantit une augmentation de salaire de 30,5 % pour tous les travailleurs du Sheraton, y compris les augmentations actives à partir du moment de la ratification. Ces augmentations salariales suivront également l'augmentation du coût de la vie, et la plupart des préposés aux chambres gagneront 30 dollars de l'heure d'ici à la fin de 2026, selon un communiqué de presse de UNITE HERE Local 40, le syndicat qui représente les travailleurs. L'accord prévoit également des primes pour les travailleurs qui reviennent, une augmentation des pourboires, la transparence et la protection des pourboires pour les employés des banquets.
Sam*, un employé du service des banquets interviewé par l'Étoile du Nord, a décrit les conditions de travail dans son département qui ont incité la grève, le manque de transparence des pourboires en étant un problème majeur.
« On ne savait pas comment les pourboires étaient répartis. On ne savait pas si nos pourboires étaient mis en commun et distribués de manière équitable. Compare ça avec les hôtels du centre-ville, pour eux c'est le cas ».
Sam souligne que le nouvel accord crée un précédent en matière de pourboires dans l'industrie hôtelière de la région métropolitaine de Vancouver. « C'est un partage 65-35. Je dirais donc que 65 % vont aux travailleurs et 35 % à l'entreprise, ce qui est énorme. Aucun des hôtels du centre-ville ne fait ça ».
Le nouveau contrat, qui expirera en 2027, prévoit également de nouveaux congés de maladie et des avantages rarement offerts dans le secteur de l'hôtellerie et de la restauration, comme des prestations de santé.
Selon Sam, la grève a été principalement causée par la façon dont la filiale Marriott a traité les travailleurs de longue date : « Ils étaient gravement sous-payés et leurs charges de travail étaient trop lourdes.
Chaque fois que le syndicat tentait d'amener l'entreprise à négocier, celle-ci lui demandait simplement d'accepter sa dernière proposition : « Ils nous ont dit de l'accepter ou de rester dehors pour toujours, et c'est ce qu'ils ont dit de juillet à décembre environ.
La famille Lalji et ses dirigeants ont essayé diverses stratégies pour briser les travailleurs : « Ils envoyaient toujours des courriels méchants à tout le monde pour essayer de semer la confusion et de diviser le piquet de grève, puis l'entreprise offrait aux gens une augmentation de 4 % immédiatement s'ils revenaient travailler. Certaines personnes se sont fait avoir, malheureusement, qui a permis à la gestion de recruter un grand nombre de briseurs de grève ».
Tout au long de la grève, les travailleurs du Sheraton Vancouver Airport ont reçu le soutien d'autres organisations syndicales, y compris un boycottage de l'hôtel et de deux établissements adjacents appartenant également à la famille Lalji, à l'appel de la Fédération du travail de la Colombie-Britannique.
D'autres syndicats ont donné de l'argent pour soutenir les grévistes et se sont joints à eux lors de leurs rassemblements habituels du vendredi soir. Le piquet de grève a reçu un certain soutien en dehors des syndicats, notamment de la part de membres du East Van Workers' Assembly (EVWA), qui se sont rendus sur le piquet en solidarité avec les travailleurs.
Les syndiqués ont aussi réussi à faire pression sur les principales compagnies aériennes, y compris WestJet, pour qu'elles n'utilisent pas les installations pour héberger leurs passagers et personnelles coincées. En décembre, UNITE HERE a appelé au boycottage d'Air Canada pour ne pas avoir fait de même.
Miguel, un organisateur d'EVWA, a déclaré à l'Étoile du Nord : « Nous nous montrons, nous essayons d'améliorer l'ambiance, nous apportons des collations et d'autres trucs pour faire remonter l'énergie », ce que Sam a confirmé. « J'apprécie le fait que ces gens viennent, qu'ils nous soutiennent. Cela signifie beaucoup et on ne les remerciera jamais assez pour cela ».
Miguel se souvient d'un jour où les piquets de grève « essayaient de bloquer le parking, et en même temps ils nous ont demandé de bloquer l'une des entrées. Ils nous ont fait confiance pour participer à ce combat ».
Emily, une autre organisatrice d'EVWA, a expliqué cet événement : « Une compagnie aérienne des îles Fidji était censée arriver et ses employés devaient rester à l'hôtel ». Les travailleurs, soutenus par l'EVWA, ont réussi à dissuader les employés de la compagnie aérienne de franchir le piquet de grève.
Tout au long de leur grève, les travailleurs du Sheraton ont dû faire face à des défis de la part de leurs employeurs, notamment des menaces et des intimidations, mais aussi la formation d'un syndicat de briseurs de grève. Ce syndicat a été créé pour diviser les membres du piquet de grève, explique Miguel :
« La direction a organisé un syndicat de briseurs de grève, ce qui lui a permis de lutter légalement contre UNITE HERE à un autre niveau. Pas seulement dans le cadre du conflit de négociation, ils essayaient de faire de ce syndicat le syndicat légitime de l'hôtel. Et, bien sûr, il s'agit d'un syndicat organisé par l'employeur ».
En plus des manœuvres tactiques, l'hôtel a utilisé ses gardes de sécurité pour intimider les travailleurs sur le site - « c'est eux qui exercent la pression physique sur les travailleurs qui font le piquet de grève. Ils ont leurs gardes de sécurité autour de toutes les entrées, s'assurant qu'il y a une présence physique ».
Miguel a décrit un incident au cours duquel « [le chef de la sécurité] s'est présenté et a commencé à crier sur les travailleurs. Il connaît les organisateurs par leur nom, alors il continue à les menacer et à essayer de faire peur aux travailleurs ».
Grâce à la solidarité et à la détermination, les travailleurs de l'hôtel Sheraton Vancouver Airport ont pu avancer leur cause, mais les conditions auxquelles ils étaient confrontés avant la grève constituent le statu quo dans de nombreux hôtels dans la région. Les travailleurs du Radisson Blu Vancouver Airport Hotel & Marina en sont à leur deuxième année de piquetage, tandis que les travailleurs du Residence Inn en sont à deux semaines de grève.
Les travailleurs d'un autre hôtel du centre-ville de Vancouver sont actuellement en grève, lorsque d'autres travaillent sans contrat depuis 2022. Avec le profond décalage entre le coût de la vie dans la région métropolitaine de Vancouver et les salaires actuels des travailleurs de l'hôtellerie, d'autres travailleurs dans l'industrie auront bientôt à se rejoindre à la lutte.
*Un pseudonyme a été utilisé, car le travailleur nous a demandé de ne pas révéler son nom.
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