L'Étoile du Nord

Grève chez Postes Canada

Lettre: Cris du cœur d’une postière rurale

Temps de lecture:2 Minutes

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Cette lettre provient d’une postière de la grande région de Montréal. Elle a demandé de ne pas révéler son nom, par peur de représailles directes.

Chez Postes Canada, il y a deux catégories de facteurs: les facteurs « urbains » et les « ruraux ». Nous, les « ruraux » ou FFRS (Facteur-Factrice Rural Suburbain), notre réalité est très difficile. 

Les FFRS ont l'obligation de fournir un véhicule de 100 pieds-cube pour faire leur travail. En retour, Poste Canada nous verse environ 2300 $ par année pour couvrir les coûts du véhicule. C’est un montant dérisoire : ça ne paye même pas les pneus ! Sans parler de l’entretien, des assurances ou du gaz.

Un véhicule 100 p.c., ça coûte cher. Et nous n’avons même plus besoin de si gros véhicules, puisque Postes Canada fait tout en son pouvoir pour anéantir notre beau métier.

Contrairement à nos collègues urbains, nous n'avons pas droit aux paiements forfaitaires pour la distribution des circulaires. Nous n'avons aucune compensation horaire pour ce travail-là : nous sommes payés par une moyenne, calculée une fois par année. En plus, nous n’avons pas de temps alloué pour la préparation des circulaires, donc nous travaillons gratuitement chaque semaine pour les trier et les organiser !

Nous payons aussi de notre poche pour le gaz et une assurance spéciale pour les véhicules à usage professionnel. Et quand il y a une surcharge de travail, ne sommes pas payés en temps supplémentaire. Durant la pandémie, nous pouvions livrer jusqu’à 200 colis par jour, mais nous étions payés le même montant forfaitaire. Qu’on fasse 8h ou 12h, on a le même salaire.

À la fin, le coût de l’essence et tous les paiements pour nos véhicules font en sorte qu’on paye quasiment pour travailler. Vous savez, un 100 pied-cube, c’est considéré par Postes Canada comme une minivan. Les paiements qu’on reçoit en retour, à cause de ça, sont absurdement bas pour des véhicules comme ça.

Rendons ça concret, pour que vous saisissiez à quel point Postes Canada nous exploitent:

  • Notre salaire, avant impôt, est entre 4500$ et 5500 $ par mois. Le salaire moyen au Québec, c’est 4900 $ par mois. Donc, en théorie, c'est bien, mais pas incroyable.
  • Après les retenues et avec les « remboursements » pour le camion, le salaire moyen, c’est 3800 $.
  • En enlevant les paiements pour l’achat du camion, l’assurance et l’essence, il reste 2300 $. 
  • C’est 200 $ de plus par mois que le salaire minimum ! C’est pas comme si on était gras-dur…

Nous les FFRS, on est devenu les vaches à lait de Postes Canada, qui place les profits avant offrir un service décent et une bonne vie à ses employés. Nos conditions de travail sont irrespectueuses et ne reflètent certainement pas l’importance qu’on a dans les communautés. Nous voulons simplement être respectés et faire notre travail que nous aimons.

Une FFRS en grève

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