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Au mois d'août, la compagnie suédoise Northvolt a annoncé que son projet de méga-usine de batteries en Montérégie pourrait connaitre des retards importants. En effet, la compagnie connait des difficultés financières qui l'ont menée à licencier près du quart de son personnel en Suède. Alors que les gouvernements de Québec et Ottawa financent le projet de méga-usine à hauteur de 7,3 milliards de dollars, son futur ne pourrait être plus incertain.
Les compressions dans la jeune compagnie suédoise surviennent après une expansion rapide de ses opérations en Suède et à l'international. Cette croissance, jugée trop rapide à postériori par le PDG de l'entreprise, a pourtant bénéficié de soutien important sous la forme d'investissements publics.
Des entreprises privées ont également fait des prêts à taux avantageux au groupe suédois, notamment Volkswagen Luxembourg qui leur a fait une avance 349 millions d'euros.
La croissance rapide de l'entreprise s'est fait au détriment de la sécurité de ses travailleurs. En effet, dans sa première usine, trois ouvriers ont perdu la vie dans la dernière année. La police suédoise enquête sur leur mort.
C'est l'annonce fait cet été par la multinationale BMW d'annuler un contrat de 3 milliards de dollars avec Northvolt qui a mis l'entreprise suédoise dans l'eau chaude. Son actionnaire principal, Volkswagen, vit lui aussi des difficultés financières.
En effet, la compagnie a annoncé plus tôt cet automne prévoir des coupes budgétaires pouvant s'élever à 6 milliards de dollars et a mis fin à des programmes de sécurité d'emploi dans ses six usines allemandes.
Volkswagen prévoyait ouvrir une usine de voitures électriques en Ontario qui devait s'alimenter en batteries à l'usine de Northvolt en Montérégie. Ce plan aura maintenant besoin d'être réévalué.
Pendant ce temps, François Legault défend encore sa décision d'investir jusqu'à 2,9 milliards de fonds public dans le projet de méga-usine. Il a comparé les investissements de la CAQ dans la filière batterie à ceux du gouvernement de Robert Bourassa dans le projet hydroélectrique de la Baie-James.
« Je suis plus vieux, et je me souviens de certaines choses… Quand Robert Bourassa a annoncé [le projet de] la Baie-James, c’était la même chose: des journalistes et des oppositions disaient que c’était beaucoup d’argent. Il y en a qui trouvaient ça fou. Ce dont on s’est rendu compte, c’est que c’était un coup de génie! »
Le projet de la Baie-James était un investissement public dans des infrastructures dont les Québécois ont pu en partie profiter. À l'inverse, les fonds publics alloués à la compagnie suédoise bénéficieront d'abord et avant tout à ses actionnaires.
En position de choix se trouve Volkswagen Luxembourg, premier actionnaire de Northvolt depuis 2019. Cette filière de la compagnie allemande a été citée en 2014 dans les LuxLeaks, une fuite d'information qui a exposé les stratagèmes d'évitement fiscal de plusieurs multinationales à travers des ententes avec le Grand-Duché du pays.
Volkswagen Luxembourg détient en totalité ou en partie 45 autres filiales dans 30 pays différents dont Volkswagen Group Canada. Depuis 2014, la filière luxembourgeoise a accumulé des profits nets de 22 milliards de dollars alors qu'elle ne compte que huit employés.