L'Étoile du Nord

Exploitation minière du Cercle de feu

« Nous ne vendrons pas nos terres »

Temps de lecture:3 Minute

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Le 27 septembre, cinq Premières nations du nord de l'Ontario ont manifesté ensemble pour demander à Doug Ford de mettre fin à l'exploitation minière non désirée sur leurs territoires. L'alliance des Premières Nations Asubpeeschoseewagong (Grassy Narrows), Kitchenuhmaykoosib Inninuwug (Big Trout Lake), Wapekeka, Muskrat Dam et Neskantaga s'est rendue à Toronto avec des personnes de tous âges.

On estime à 6 000 le nombre de personnes qui ont défilé avec elles. Leur objectif est de protéger leurs terres, leurs eaux et leurs terrains de trappage, menacés par des milliers de nouvelles offres d'exploitation minière depuis l'élection du premier ministre Doug Ford.

Richelle Moonias, élève du secondaire de la Première nation Neskantaga, est une chasseuse qui fournit de la nourriture traditionnelle aux aînés. Elle raconte à l'Étoile du Nord que, bien qu'elle ait parcouru près de 2 000 km pour rencontrer le premier ministre Ford, celui-ci ne s'est pas présenté à la réunion prévue avec l'alliance des premières nations. "Nous sommes venus ici pour lui dire en face que nous ne vendrons pas nos terres pour de l'argent, parce qu'il n'y a vraiment aucun avantage pour nous, c'est juste pour lui."

Stanley Moonias, de la Première nation Neskantaga, explique: "Nous sommes solidaires. Nous avons des problèmes communs concernant nos terres, nos poissons et nos eaux. Je ne pense pas que le gouvernement s'en préoccupe. Il n'en a rien à foutre. J'écoute ces négociations depuis que je suis tout petit. Nous vivons toujours dans la pauvreté. Nous ne recevons rien de l'exploitation minière. On s'appauvrit et qui s'enrichit? Le gouvernement!"

L'alliance demande la fin du système d'exploitation minière en libre accès, qui permet aux entreprises de se procurer des terres sans obtenir le consentement des populations autochtones qui y résident. En 2018, le gouvernement de Ford a mis en place une politique permettant de déposer des demandes d'exploitation minière en ligne pour une somme modique, sans que les Premières Nations locales en soient informées. Avec plus de 24 000 résidents autochtones dans la région, les projets miniers du Cercle de feu englobent actuellement 7 000 concessions minières, qui s'étendent sur plus de 3 600 km².

Stanley, un chasseur, explique comment sa communauté dépend des terres achetées par les géants miniers: "Je vis toute l'année de la chasse. C'est ce qui nous fait vivre, et les grandes mines à ciel ouvert qu'ils veulent mettre en place détruiraient tout cela". Leighton Waswa, un jeune chasseur de la Première nation Neskantaga, fait part à l'Étoile du Nord de ses inquiétudes: "Notre eau va être polluée, nous craignons les déversement de pétrol, les poissons vont tomber malades. Les animaux aussi ont besoin de la rivière."

Cette région est la deuxième plus grande zone humide du monde. C'est un puits de carbone massif, qui stocke 450 millions de tonnes de carbone qui pourraient autrement augmenter les niveaux de CO2 dans l'atmosphère. Selon les chercheurs de la Wildlands League, l'exploitation de seulement 4% de ces zones humides libérerait suffisamment de carbone pour compenser la diminution des émissions de carbone du Canada entre 2005 et 2021.

La lutte des Grassy Narrows pour l'autodétermination remonte aux années 1960, lorsqu'une usine de papier a pollué leur eau avec du mercure. Cet empoisonnement a entraîné des problèmes de santé permanents, une crise de la santé mentale et le suicide de jeunes. Grassy Narrows est l'hôte du plus long blocus du Canada en 200 ans, commencé en 2002, et en 2018, 4 000 nouveaux projets miniers se heurtent à une forte résistance sur leur territoire.

"Non signifie non et c'est exactement ce que nous sommes venus dire", explique Kendra Moonias, une jeune de la Première Nation Neskantaga. Stanley, pour sa part, déclare à l'Étoile du Nord que "nous avons tout ce dont nous avons besoin chez nous. Nous voulons que cela reste ainsi, sans rien détruire—une bonne terre".

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