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Les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), le plus grand syndicat d'infirmières du Québec, ont voté à 66% en faveur d'une nouvelle convention collective avec le gouvernement provincial la semaine dernière. Soixante-quinze pour cent des quelque 80 000 infirmières, perfusionnistes cliniques et inhalothérapeutes ont voté virtuellement lors d'un référendum qui s'est tenu à la fin de la semaine dernière.
Afin de mieux comprendre le contenu de l'accord et ses implications, L'Étoile du Nord s'est entretenu avec Sébastien Roy, un travailleur de la santé et membre de la FIQ qui travaille dans la région de Montréal. « C'est une défaite majeure sur les principaux enjeux pour lesquels la FIQ voulait se battre », insiste M. Roy.
Un conciliateur a été embauché alors que les négociations avec le gouvernement provincial se trouvaient dans une impasse. Les recommandations du conciliateur constituent désormais la convention collective de la FIQ. Bien que le nouveau contrat comprenne quelques concessions minimales pour les travailleurs, de nombreux travailleurs sont déçus des résultats du référendum.
M. Roy a souligné les augmentations salariales minimes de la convention, qui ne suivent pas l'inflation, et l'absence de réponse aux préoccupations de longue date des travailleurs concernant les heures supplémentaires obligatoires, les ratios patients et, surtout, les transferts forcés. « Selon moi, il y a personne qui a changé de camp de façon enthousiaste par rapport à ce qu'on nous a proposé », a-t-il déclaré à propos du résultat du référendum. Un précédent accord de principe avait été rejeté par 61% des membres de la FIQ en avril.
Le nouveau contrat impose certaines contraintes sur le lieu et la manière dont les travailleurs de la santé peuvent être transférés d'un service à l'autre. Mais M. Roy a souligné que la formulation de ces clauses ne permet guère d'éviter les effets déstabilisants du transfert d'infirmières d'un service à l'autre:
« C'est un peu un jeu de mots. Il y a des départements qui vont fusionner sous un même centre d'activité pour pouvoir se partager les infirmières. »
De nombreux professionnels ont observé une dégradation générale des conditions de travail dans le système public de santé du Québec. Selon M. Roy, ce n'est pas un hasard. « Ils ont pas nécessairement intérêt à sauver le réseau public. La privatisation est déjà bien enclenchée, même qu'elle s'accélère. C'est une vision qui est très étroite par rapport à comment est-ce qu'on pourrait vraiment régler les problèmes. »
Santé Québec, la nouvelle administration des soins de santé de la province, est supervisée par un conseil composé principalement de personnalités du monde des affaires.
Face à la dégradation des conditions de travail, de nombreuses infirmières et autres travailleurs de la santé au Québec ont quitté le système public. M. Roy a fait remarquer que le gouvernement semble maintenant pousser les travailleurs à temps partiel à travailler à temps plein en les payant moins.
« Ce que ça va amener ultimement, c'est plus de départs, plus d'épuisement professionnel, chose qui est déjà vraiment problématique avec notre profession. On peut s'attendre à ce que, dans cinq ans, aucun des problèmes de fonds du réseau de la santé aient été réglé par cette entente-là. On va continuer d'avoir des pénuries, on va continuer d'avoir des listes d'attente énormes pour les chirurgies, ce qui va justifier de plus en plus de privatisations. »
Pour M. Roy, les choses auraient pu se passer différemment si la FIQ avait adopté une position plus combative face au gouvernement. « Après qu'il y ait eu le rejet de l'entente, avec 61%, ce qui était vraiment majeur, ils ont absolument pas profité de ça pour augmenter la pression sur le gouvernement. Au contraire, ils ont arrêté de faire des manifestations. »
À l'automne et au début de l'hiver 2023, la FIQ a mené plusieurs journées de grève et de piquetage. Le syndicat avait encore des jours de grève à son mandat lorsqu'il est retourné à la table de négociation cet été. « Malheureusement, on n'est pas revenu avec des journées de grève. On n'est pas revenu avec des moyens plus combatifs, où les gens se sentent vraiment impliqués directement dans la lutte », a commenté M. Roy.
Les grèves de la FIQ se sont déroulées en même temps que celles du Front commun, qui a vu plus de 420 000 travailleuses et travailleurs du secteur public de quatre centrales syndicales s'engager dans des grèves et des manifestations coordonnées. La FIQ a choisi de ne pas participer au Front commun et a donc négocié séparément des autres syndicats du secteur public.
Pour M. Roy, ce manque de solidarité a été une erreur : « Si on avait été ensemble, on aurait pu lutter conjointement pour mieux. Si on n'était pas satisfait de ce que les autres syndicats étaient prêts à accepter, on aurait pu ultimement dénoncer l'entente qui était présentée au Front commun pour dire qu'on pense qu'il faut mieux que ça. »
Au cours des négociations, la direction de la FIQ a décrié la position intransigeante du gouvernement, l'accusant de négocier de mauvaise foi. Selon M. Roy, il fallait s'y attendre et c'est une raison de plus pour adopter une approche combative plutôt que conciliante:
« Il faut avoir une perspective de lutte de classe et de pas chercher à collaborer avec un gouvernement qui, ultimement, a des intérêts complètement opposés à nous. »
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