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Privés par l'État d'un contrat de travail depuis 2019, les avocats de l'aide juridique sont arrivés à bout de patience le 24 mai dernier : 200 d'entre eux ont déclenché une grève d'une demi-journée.Leur demande: que présidente du Conseil du Trésor Sonia Lebel (une ancienne procureure) reconnaisse la nécessité de l'égalité salariale entre les procureurs et l'aide juridique.
Sur le piquet de grève au palais de justice de Montréal, Manuel Gerbelli Gauthier, avocat à l'aide juridique depuis 4 ans, explique que « c'est plus facile de payer quelqu'un qui accuse, mais ce qu'il faut comprendre c'est qu'on défend tout autant la société. On défend le justiciable face à l'état au complet, on défend des personnes contre une machine.»
Au courant de l'année 2020-21, les avocats de l'aide juridique auraient traité plus de 90 000 demandes. Il explique qu'ils plaident les mêmes causes devant le même juge que les procureurs de la couronne. La parité salariale est donc nécessaire pour respecter le principe d'équité de la justice.
« La personne qui poursuit le justiciable ne devrait pas être payée plus cher que celui qui le défend. » Le principe de parité date de la mise en place du programme d'aide juridique en 1972. Ce programme a pour but, en principe, de rendre la justice plus égalitaire en fournissant à tout le monde de bons avocats sans qu'ils soient obligés de débourser une fortune.
Pourtant, « il y a des avocats qui sont ici depuis 25-30 ans et chaque convention collective c'est la même rengaine. À chaque fois il faut se rebattre pour la parité.» La qualité du service risque de baisser si les avocats de l'aide juridique n'ont pas les mêmes moyens que la couronne, favorisant ainsi l'État par défaut.
C'est dans cet esprit que trois journées de grève ont été votées de façon unanime par les avocats de l'aide juridique représentés par la CSN dans le Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie, les Iles-de-la-Madeleine, les Laurentides, Lanaudière, Montréal et Laval.