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Suite à l'avis de grève du 12 novembre par le syndicat des postiers, les grands médias canadiens se sont empressés de publier des articles sur l'éventuel arrêt de travail. Leur couverture explique tout ce qu'il y a à expliquer sur l'impact qu'une grève pourrait avoir sur les entreprises, les acheteurs de Noël, les petites villes, etc... Mais une chose est absente de tous ces articles: la voix des travailleurs postaux.
L'Étoile du Nord a examiné la production des médias tels que CBC, CTV, Radio-Canada, Le Journal de Québec et le National Post. Bien que certains de ces grands médias aient daigné s'entretenir avec des bureaucrates syndicaux, il est difficile, voire impossible, de trouver des commentaires des travailleurs dans ces articles.
Il ne s'agit pas simplement pour les journalistes de s'en remettre aux porte-parole. Par exemple, CTV a publié un article assez long intitulé « Here's how a potential Canada Post strike may affect Canadians » (Voici comment une grève potentielle de Postes Canada pourrait affecter les Canadiens).
Leur « analyse » incluait des contributions de propriétaires de petites entreprises et d'autres membres du public qui avaient contacté CTV par courrier électronique. L'une des personnes interrogées s'est plainte des retards d'expédition potentiels pour son entreprise de tisanes. Un autre a affirmé que le Canada « n'a pas vraiment besoin » d'un service postal public et a déclaré qu'il achetait généralement ses produits sur Amazon.
Le 13 novembre, CBC News a organisé une tribune téléphonique invitant les téléspectateurs à répondre à la question suivante: « Comment des perturbations dans les ports ou à Postes Canada vous affecteront-elles? »
La même émission a interrogé une présidente de section locale du STTP qui est également factrice. Cependant, le présentateur ne lui a pas posé de questions sur les revendications des travailleurs, leurs conditions de travail ou leurs conditions de vie, préférant lui poser des questions futiles telles que « Comment vous sentez-vous? »
Le 12 novembre, un article de CBC a sollicité des citations de Postes Canada, du ministre du Travail Steve MacKinnion, du président du STTP Jan Simpson et d'un propriétaire de petite entreprise à Toronto. Encore une fois, il n'y a pas eu de commentaires de la part de travailleurs postaux ordinaires. La couverture de CBC au niveau local était également centrée sur les impacts sur les petites entreprises.
Jusqu'à présent, le National Post n'a rédigé qu'un seul article sur le sujet. Il ne contient aucune déclaration du syndicat ou des travailleurs. L'histoire est à peu près la même pour Global News et le Toronto Star. Seul le Globe and Mail a publié un article sur les conditions de travail, mais il ne s'est pas non plus entretenu avec des travailleurs.
Du côté des médias québécois, la couverture a pris une tournure loufoque. Le Journal de Québec, du géant monopoliste Québecor, a publié un article portant sur le party de Noël d'une pharmacie de Québec qui serait « gâché par la grève chez Postes Canada ». Plus bas dans l'article, on déplore en grand sous-titre: « Pas de loi spéciale pour l'instant ».
Une information dédiée aux chefs d'entreprise et non aux travailleurs
Une tendance se dégage clairement de toute cette couverture: les grands médias sont très intéressés par les opinions des gouvernements, des entreprises et des « consommateurs ». Ils s'intéressent nettement moins à ce que les travailleurs ont à dire.
La plupart des Canadiens ne possèdent pas d'entreprise. La grande majorité des personnes en âge de travailler dans ce pays sont des travailleurs. Leurs intérêts sont ignorés par les grands médias canadiens, tandis que les intérêts des propriétaires d'entreprises, petites et grandes, sont toujours au premier plan.
Lorsque les travailleurs canadiens ordinaires sont représentés dans les médias, les articles portent généralement sur le rôle qu'ils jouent dans l'achat de produits et de services auprès des entreprises. Il en résulte que les travailleurs n'entendent pas parler des personnes qui, comme eux, sont en première ligne de la fabrication de ces produits et de la fourniture de ces services.
Si les dirigeants syndicaux jouent un rôle important dans les conflits du travail, ils n'ont pas toujours le même point de vue que les travailleurs sur le terrain. Lorsque les rédactions ne vont pas plus loin pour recueillir la version des travailleurs, elles abandonnent non seulement ces derniers, mais aussi leurs lecteurs.