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Juste avant d'annoncer sa démission en septembre, le super-ministre Pierre Fitzgibbon avait déposé à l'assemblée nationale le projet de loi 69 sur l'énergie. En plus de s'attaquer à l'exclusivité d'Hydro-Québec sur la vente d'électricité, plusieurs experts affirment que le PL-69 aura pour effet d'augmenter considérablement les factures d'électricité des consommateurs.
En effet, celui-ci prévoit faire plus de place à la production d'électricité par des entreprises privées. On sait déjà, en observant l'exemple d'autres pays ou provinces comme l'Angleterre ou l'Ontario, que la privatisation dans le secteur de l'énergie amène une pression importante à la hausse sur les tarifs.
À l'heure actuelle, il existe déjà des compagnies privées qui produisent de l'électricité et qui vendent leurs surplus à Hydro-Québec. Ceux-ci cherchent d'abord à faire un profit et Hydro-Québec achète le plus souvent leur électricité à perte.
De l'autre côté, la CAQ contraint déjà Hydro-Québec à vendre son électricité à tarifs préférentiels à des compagnies comme Northvolt, qui paye 5 cent le kWh plutôt que le tarif régulier de 9 cent le kWh.
Résultat, les consommateurs doivent compenser les pertes de la société d'État en payant plus cher leur facture d'électricité.
Jean-François Blain, qui a analysé le PL-69 pour l'Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), projette que son impact sur les tarifs sera tel qu'une hausse cumulative de 75% au bout de 12 ans est à prévoir.
Cette hausse serait due aux investissements nécessaires à l'expansion visée de 33% de la production électrique. Cela impliquerait d'injecter 15 milliards de dollars annuellement, alors que le rythme de croissance annuel d'Hydro-Québec se situe actuellement autour de 4.5 milliards.
Pierre-Guy Sylvestre, conseiller syndical et économiste au service de la recherche au syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), met en garde contre la part croissante d'électricité produite par le privé:
« Si on permet au privé de produire de l’électricité, on transforme un service public essentiel en industrie soumise aux fluctuations du marché. L’électricité coûtera plus cher à produire, l’impact sur les factures sera majeur. »
« Là, il y a une porte ouverte encore plus grande avec le projet de loi 69 pour aller privatiser un 10 000 mégawatts dans les années suivantes. Donc, jusqu'à 2035, on devrait avoir au moins 5000 mégawatts de plus de privé. Donc, on passerait de 10% de production privée à 17%, et ça, c'est un minimum. »
Au Québec, 1 ménage sur 7 n’arrive pas à payer sa facture d’électricité ou y parvient au détriment d’autres besoins de base. Il est alors difficile de voir dans le Pl-69 une initiative pour répondre aux besoins de la population.
Pour cause, la consultation publique avec le gouvernement autour du PL-69 a été biaisée, affirme l'économiste du SCFP. Parmi les organisations invitées à y participer, on compte le conseil du patronat et des associations de développement économique.
Le SCFP, bien qu'il représente 16 000 travailleurs d'Hydro-Québec, n'a pas été invité à y participer. « Ils ont laissé au moins 15 associations de la société civile de côté. Pour nous, ce n'est ni plus ni moins un simulacre de consultation publique » dénonce-l'économiste.
Cette décision de laisser plus de place aux producteurs d'électricité privés s'intègre dans une logique plus large promue par la CAQ de s'attaquer aux services publics. François Legault veut gouverner la province comme une entreprise selon Sylvestre:
« Regardez en santé, on a nommé quelqu'un qui vient du privé à la tête de Santé Québec. On ne décentralise pas, on ne laisse aucune place aux communautés avec la CAQ. C'est un gouvernement de comptables pour et par les comptables et pour et par les firmes privées, à notre avis. »
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