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Evictions du camp de sans-abri de Cobourg

Sans abri et sans défense au milieu de trois déménagements forcés

Temps de lecture:3 Minute

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Les résidents itinérant d'un campement de Cobourg, en Ontario, ont été forcés de déménager trois fois depuis leur installation initiale sur une plage de rochers au début du mois d'août. Les avis d'expulsion, accompagnés du risque de confiscation des biens, les ont contraints à passer d'un terrain municipal à un terrain appartenant au comté, et finalement à une installation inutilisée à l'extérieur de Brookside, anciennement un centre de détention pour jeunes. Les correspondants de l'Étoile du Nord étaient présents pour documenter leur deuxième déménagement, début septembre.

Les derniers résidents du campement sur le terrain appartenant au comté ont pu se disperser dans la soirée du 7 septembre. La journée précédente avait été un véritable tourbillon, les résidents tentant de quitter les lieux avant le "nettoyage" de midi, qui a finalement été reporté au 8 septembre.

Entre-temps, le comté de Northumberland a annoncé aux habitants et aux médias locaux que le nettoyage ne serait pas reporté. Les habitants ont travaillé toute la journée du 6 septembre, alors que l'indice humidex atteignait 37°, pour rassembler leurs affaires et déterminer où ils pourraient s'installer ensuite. L'un d'entre eux a été victime d'une crise d'épilepsie en raison de la chaleur et du stress, mais il s'est remis au travail pour déménager le lendemain.

Le deuxième avis d'évacuation est arrivé moins de deux semaines après le départ du dernier campement et était fondé, comme le précédent, sur la loi ontarienne relative à la violation de propriété. Un représentant du comté de Northumberland a déclaré aux médias locaux que le plan visait à "favoriser la transition entre le campement et les services communautaires". Le seul refuge pour sans-abri du comté, Transition House, a une capacité de 22 personnes, alors que le nombre de sans-abri dans le comté de Northumberland est estimé entre 100 et 300.

Le campement disposait de récipients tranchants à la place des toilettes, jusqu'à ce que la communauté aide à obtenir du comté une toilette portative qui s'est rapidement remplie. Ces toilettes avaient disparu lorsque les correspondants de l'Étoile du Nord sont arrivés le 5 septembre. Les résidents se sont retrouvés sans aucun moyen d'assainissement et le branchement électrique qui leur avait été promis a été déconnecté peu après leur arrivée. 

La plupart des résidents du campement ont déménagé sur un terrain situé à l'extérieur de Brookside, un ancien centre de détention pour jeunes comprenant 14 bâtiments. Les habitants de la ville, des militants et les sans-abri évoquent régulièrement cet établissement comme étant un lieu d'accueil pour ceux qui ne peuvent pas trouver d'autre refuge. Les appels à ouvrir les locaux aux sans-abri ont été rejetés par les autorités, car la conversion serait bloquée par la bureaucratie.

Un jour après leur arrivée à Brookside, les résidents du campement ont reçu un avis de "Sa Majesté le Roi dans les droits de l'Ontario" les enjoignant de quitter la propriété "immédiatement", bien que cet avis n'ait pas été appliqué. Le 18 septembre, ils ont reçu une nouvelle notification les enjoignant de quitter les lieux dans les 48 heures. La police de Cobourg et des représentants d'Infrastructure Ontario sont arrivés dans la matinée du 21 septembre pour faire respecter ce dernier avis.

Le rapport final de la Stratégie de logement abordable du comté de Northumberland (2019) prétend adopter une approche du logement "fondée sur les droits de l'homme". Cela dit, une recommandation du Bureau du défenseur fédéral du logement, appuyée par la Commission ontarienne des droits de la personne, stipule qu'"une approche des campements fondée sur les droits exige que tous les gouvernements, y compris les municipalités et le gouvernement fédéral, mettent fin à leurs pratiques consistant à utiliser des ordonnances d'intrusion, des règlements et des services de police pour expulser par la force les personnes non logées des campements." La force physique n'a pas encore été utilisée, mais la menace de se débarrasser des biens des résidents semble produire l'effet escompté.

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