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À la fin du mois de juin, une équipe de scientifiques dirigée par des chercheurs de l'université de Californie-Berkeley a publié une étude révélant des niveaux dangereux de métaux lourds, tels que le plomb et l'arsenic, dans les produits des principales marques de tampon. Depuis lors, Santé Canada et les fabricants restent silencieux, malgré des dangers évidents pour la santé publique.
L'étude a testé des tampons provenant du Royaume-Uni, de l'Union européenne et des États-Unis, la majorité des produits étant fabriqués aux États-Unis. Quel que soit leur pays d'origine, tous les tampons testés contenaient des quantités semblables de métaux lourds.
L'un d'entre eux est particulièrement dangereux : du plomb a été trouvé dans chaque tampon. Les chercheurs ont averti: « Il n'existe pas de niveau d'exposition au plomb qui soit sans danger; toute proportion de plomb susceptible de s'écouler d'un tampon peut contribuer à des effets négatifs sur la santé. »
Les chercheurs ont également indiqué que les utilisatrices de tampons courent un risque beaucoup plus grand de contamination par les métaux lourds, car la partie du corps qui y est exposée est « très perméable » et, par conséquent, « les produits chimiques absorbés ne subissent pas de métabolisme de premier passage ni de détoxification par le foie et pénètrent directement dans la circulation systémique ».
Ainsi, les utilisatrices sont amenées à utiliser des dispositifs médicaux qui peuvent entraîner une longue et effrayante liste de problèmes de santé potentiels.
« Le plomb est associé à de nombreux effets néfastes sur le plan neurologique, rénal, cardiovasculaire, hématologique, immunologique, reproductif et développemental », indique l'étude.
« L'arsenic est un cancérogène connu et est associé à des maladies cardiovasculaires, des dermatites et d'autres effets cutanés, ainsi qu'à des maladies respiratoires et neurologiques ».
Le gouvernement du Canada affirme que « les tampons sont essentiels à la santé des Canadiennes » et, à l'hiver 2023, il a pris l'initiative d'exiger que tous les bâtiments fédéraux donnent accès à des serviettes hygiéniques et à des tampons.
Malgré cet engagement apparemment sans équivoque en faveur de la santé menstruelle, cette étude n'a donné lieu à aucune déclaration officielle de la part du gouvernement, aucune enquête officielle n'a été lancée et aucune demande de rappel de produits n'a été adressée aux fabricants.
L'Étoile du Nord a contacté Santé Canada pour obtenir des commentaires sur l'étude et sur la manière dont le ministère entend répondre à ce problème de santé critique.
Dans sa réponse, Santé Canada a indiqué être « à l'affût des informations relatives à la sécurité des dispositifs médicaux, y compris les tampons [...] Santé Canada est au courant de cette étude et ses résultats sont en cours d'évaluation. Santé Canada prendra les mesures qui s'imposent ».
C'est une réponse bien tiède comparée à l'Agence fédérale des médicaments (FDA) aux États-Unis, qui a officiellement annoncé début septembre qu'elle avait lancé des enquêtes indépendantes et internes pour vérifier les conclusions de l'étude. Cette annonce intervient trois mois après que l'étude a été rendue publique, après la publication de plus de 1 400 articles de presse et après que de nombreux citoyens inquiets ont demandé aux autorités sanitaires de faire quelque chose.
L'Étoile du Nord a également contacté deux des plus grands fabricants de tampons d'Amérique du Nord pour obtenir des commentaires: Procter & Gamble (P&G), qui n'a pas répondu, et Edgewell Personal Care (Edgewell). Edgewell a déclaré être au courant de l'étude, mais attendre que la FDA et d'autres autorités sanitaires l'obligent à agir.
Edgewell a conclu: « Les consommateurs peuvent continuer à avoir confiance dans la sécurité de nos produits ». Santé Canada suggère aux Canadiens qui s'interrogent sur la sécurité des tampons de consulter « un professionnel de la santé ». Toutefois, les scientifiques affirment que les résultats de leur étude « soulignent la nécessité d'une réglementation exigeant des fabricants qu'ils testent les métaux présents dans les tampons ».