La haute saison d’Amazon tue

Pendant la période des Fêtes, le 27 décembre 2022, Rick Jacobs, 61 ans, est mort d'une crise cardiaque dans un centre de traitement des commandes d'Amazon dans le Colorado. Le scandale a éclaté lorsqu'il a été rapporté que les travailleurs étaient obligés de travailler à moins de 3 mètres du corps de Rick Jacobs, que les responsables avaient recouvert de boîtes. Malheureusement, cette situation n'est pas unique: une enquête de L'Étoile du Nord révèle que de nombreux travailleurs de cette entreprise mondiale meurent chaque année à cette période.

S'étendant de la mi-octobre au début du mois de janvier, et comprenant également la Prime Week en juillet, la haute saison est une période reconnue pour être chargée et redoutée par les travailleurs d'Amazon. Le temps supplémentaire obligatoire (TSO) et les exigences de production accrues soumettent les travailleurs à un stress extrême. Dans le cas de Rafael Mota Frias, ce stress a provoqué une crise cardiaque fatale lors du Prime Day l'année dernière dans un centre de traitement des commandes du New Jersey.

L'Étoile du Nord a découvert que 40 % des décès de travailleurs dans les entrepôts d'Amazon à travers le monde ont lieu pendant la haute saison. Parmi les décès signalés, plus de 20 % sont causés par des crises cardiaques. "Je faisais du tri à l'arrière d'un camion, et à l'intérieur de cet espace clos avec les boîtes et le convoyeur, il fait vraiment, vraiment chaud ", a déclaré à l'Étoile du Nord François, un ancien trieur de l'entrepôt Amazon YUL2 à Lachine, au Québec.

"Mais quand il fait chaud et humide, c'est encore pire. Vous pouvez à peine respirer. J'ai personnellement éprouvé une difficulté à respirer et des palpitations cardiaques aussi. C'était au même moment où ce gars dans le New Jersey est mort. Un père de quatre enfants, Rafael. Ce gars-là est mort pendant la période de pointe. Alors j'ai entendu, whoa, ce gars est mort et je faisais la même chose dans le camion". Ibrahim, un autre ancien travailleur d'Amazon, a partagé une expérience similaire.

Chaque année le quatrième trimestre d'Amazon - qui constitue toute la haute saison - est toujours le plus rentable. L'augmentation annuelle moyenne des revenus nets entre le troisième et le quatrième trimestre au cours des cinq dernières années a été de 30 %. En 2021, les revenus nets sont passés de 110,8 milliards (T3) à 137,4 milliards (T4). Depuis 2019, le salaire moyen d'un employé d'entrepôt d'Amazon au Canada a augmenté de 17 %, dans le même laps de temps, les revenus totaux d'Amazon a augmenté de 67 %.

Les travailleurs de DXT4, DXT5, YUL5 et YUL2 interrogés par North Star ont rapporté des incidents de collègues se blessant régulièrement et devant prendre des congés, ainsi que quelques incidents plus importants comme une tentative de suicide et des personnes qui s'étaient effondrées. Selon une ancienne responsable des ressources humaines de DXT6 interrogé par le Centre des Travailleurs Immigrants (CTI), "Amazon prétend que sans nous, les managers, l'entrepôt est caput, terminé. Alors que les associés travaillent comme des esclaves sur le plancher, et ce sont eux qui livrent les sourires (paquets) à la fin de la journée, et ils sont traités comme de la merde."

Lors de sa formation, la responsable des RH a appris que, face à un travailleur blessé, "[son] travail consiste à l'interroger et à voir s'il y a une faille dans son histoire, s'il a bu la nuit précédente, s'il a consommé des drogues, s'il a suffisamment dormi la nuit précédente, n'importe quoi pour déresponsabiliser Amazon. Si je ne trouvais rien, l'étape suivante consistait à les inciter à démissionner, à les pousser vers la sortie."

Aux États-Unis, le taux de blessures graves dans les entrepôts d'Amazon est de 6,8 pour 100 travailleurs, ce qui représente plus du double du taux dans les entrepôts non-Amazon du pays. La réalité au Canada est pire, les taux de blessures dans les entrepôts canadiens étaient 15 % plus élevés en 2019 que la moyenne américaine de la compagnie. La CTI et la CSN tiendront une conférence de presse à 10 heures le vendredi 20 janvier au bureau de la CSN à Montréal, pour attirer l'attention sur les violations systématiques par Amazon de la santé et de la sécurité de ses travailleurs, et sur la suppression des campagnes de syndicalisation dans les entrepôts. L'Étoile du Nord sera présent et nous diffuserons la conférence de presse en direct sur nos pages Instagram et Facebook.   ​