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Un mois après l'annonce de la fermeture de leur usine, les travailleurs de l'abattoir d'Olymel de Vallée-Jonction sont toujours insatisfaits des explications fournies par l'entreprise, qui prétexte une baisse de son chiffre d'affaire. Or, Martin Maurice, le président du syndicat des travailleurs d'Olymel, affirme qu'il possède les chiffres pour prouver que l'usine de Vallée-Jonction est la plus rentable. Il évoque plutôt des possibles représailles contre la grève menée par les travailleurs en 2021.
Chacune des conventions collectives précédentes, en 2007 et en 2015, avaient été négociées sous la menace de la fermeture de l'usine. En 2007, la partie patronale, en ayant recours aux mêmes arguments qu'aujourd'hui, a fait avaler aux travailleurs une baisse salariale de 40%. Cela représentait en moyenne 240$ de moins par semaine sur leur chèque de paye.
La même année, Olymel offrait des augmentations de 2% à ses cadres, pour la troisième année consécutive. Le président d'Olymel Paul Beauchamp rouspétait alors que les employés syndiqués de son abattoir étaient mieux rémunérés que la moyenne de l'industrie. Par contre, celui-ci refusait de dévoiler les taux horaires des gestionnaires de l'entreprise.
En 2021, au moment de leur dernière négociation, les travailleurs de Vallée-Jonction gagnaient en moyenne 1,13 $/heure de plus qu'en 2007, ce qui représentait un important appauvrissement. Considérant l'inflation sur cette période, c'est ainsi une baisse de salaire réel supplémentaire de 22%.
Parallèlement, l'usine éprouvait d'importantes difficultés de rétention de main-d'œuvre. Depuis 2015, l'opération a connu un important roulement de personnel, alors que 1800 travailleurs ont été engagés pour 1700 démissions.
C'est dans ce contexte que les travailleurs de l'abattoir de Vallée-Jonction ont déclenché la grève en avril 2021. Tandis que le syndicat proposait de meilleures conditions de travail pour attirer et retenir les employés, Olymel proposait simplement de remanier les horaires pour offrir des semaines de 4 journées de 10 heures.
La grève s'est étendue d'avril à septembre 2021. Au courant des négociations, Olymel a utilisé à de nombreuses reprises des menaces telles que le licenciement des employés du quart de soir et la déclaration d'un lock-out.
Finalement, le syndicat a obtenu une augmentation salariale de 26,4% sur six ans et une meilleure contribution de l'entrepreneur aux assurances collectives. Cette augmentation a permis aux employés de rattraper leur retard salarial dû à l'inflation accumulé lors des 14 dernières années, mais pas de rattraper la baisse salariale de 40%.
La grève menée par le syndicat de Vallée-Jonction a eu des retombées positives pour les travailleurs des autres usines d'Olymel. En 2022, les employés de Princeville ont obtenu une augmentation salariale de 35% sur 8 ans. Ceux de Saint-Henri quant à eux ont obtenu une augmentation de 30% sur 5 ans.
Lorsqu'Olymel a annoncé la fermeture de son usine à Vallée-Jonction en avril 2023 en évoquant des travaux à y faire d'une hauteur de 40 millions de dollars, les employés sont restés sceptiques. Cela représente 0,89% du chiffre d'affaire de la compagnie qui s'élève à 4,5 milliards pour 2021. De plus, la même année, Olymel a reçu un investissement de 150 millions de dollars du gouvernement québécois.
L'entreprise évoque aussi un problème de main-d'œuvre. Or, deux ans plus tôt, le gouvernement a permis à certaines opérations, dont les abattoirs, d'engager 20% de travailleurs étrangers temporaires plutôt que 10% pour combler des manques de main-d'œuvre. L'entreprise avait saisi cette occasion et employait 123 de ces travailleurs.