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La rentrée scolaire 2023 sera vraisemblablement mouvementée. Le projet de loi 23, déposé au printemps dernier à l'Assemblée nationale du Québec, a été abondamment dénoncé par les enseignants et leurs syndicats. La réforme du ministre Bernard Drainville poursuit le travail amorcé par son prédécesseur, Jean-François Roberge, en centralisant les pouvoirs au ministère et en retirant leur autonomie aux enseignants et aux équipes-écoles. Cette nouvelle loi semble éviter d'aborder les enjeux pointés du doigt par le milieu de l'éducation.
L'étendue des pouvoirs du ministre sous la réforme est immense. Celui-ci pourrait annuler des décisions prises par les centres de services scolaires (CSS). Il pourrait aussi avoir un accès direct à toutes les classes pour identifier des élèves "à problème" et imposer des directives à leurs enseignants. Ce que Drainville présente comme une façon de donner des orientations nationales au système d'éducation ressemble plutôt à une façon de faire de la microgestion dans les écoles, dénonce la CSQ.
Les enseignants sont les grands perdants du projet de loi 23. Plutôt que de réduire leur charge de travail ou de réduire le nombre d'élèves par classe, le projet de loi 23 leur impose davantage d'heures de formation continue. L'objet de ces formations serait décidé par le ministère plutôt que les enseignants eux-mêmes.
La Fédération Autonome de l'Enseignement (FAE) a dénoncé cette mesure dans un communiqué. "En imposant cette nouvelle obligation de formation, le gouvernement alimente l’idée que les problèmes du système scolaire reposent en grande partie sur le dos des enseignantes et enseignants et qu’ils ne sont pas formés correctement pour assumer leur tâche. Pourtant, il est de notoriété publique que le milieu socioéconomique est le déterminant le plus important de la réussite scolaire et de la diplomation."
Avec cette réforme, le ministre entend aussi limiter grandement les pouvoirs du Conseil Supérieur de l'Éducation, une institution indépendante chargée de conseiller le ministère sur des mesures à prendre en éducation. Celui-ci serait remplacé en partie par l'Institut national d'excellence en éducation placé sous la direction du gouvernement.
La Confédération des Syndicats Nationaux (CSN) conteste la nécessité d'un tel institut. "Le nouvel institut national d’excellence en éducation ne répondrait pas à un réel besoin alors qu’il existe déjà des organismes de recherche et d’innovation en éducation. Segmenter l’analyse ne ferait qu’encourager une vision en silo, nocive pour l’enseignement de façon générale."
La CSN, CSQ et FAE sont toutes d'accord pour dire que la réforme n'aborde aucun des enjeux de l'heure en éducation. En effet, il n'y est question ni de composition des classes, ni de pénurie d'enseignants, ni de financement public des écoles privées ni des retards scolaires post-pandémiques.
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