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"Nos membres en ont assez, ils sont vaincus et brisés", déclare Valerie, une représentante du Workers' Health & Safety Centre (WHSC) de l'Ontario, avec laquelle L'Étoile du Nord s'est entretenue lors d'une commémoration locale du Jour de deuil national à Guelph. Elle poursuit : "Nous savons tous que le statu quo ne fonctionne pas pour les travailleurs. Si nous ne nous battons pas pour le changement, qui le fera ?
Cette année, le Jour de deuil national tombe 40 ans après que le Syndicat canadien de la fonction publique a adopté, lors de son congrès annuel de 1983, une résolution visant à instaurer une journée nationale à la mémoire des travailleurs tués dans l'exercice de leurs fonctions. Depuis, plus d'une centaine de pays ont adopté le 28 avril comme journée commémorative des travailleurs.
Le 28 avril a été choisi comme clin d'œil à la date à laquelle la loi sur l'indemnisation des accidents du travail de l'Ontario a été adoptée en 1914. Cette loi, la première du genre au Canada, a conduit chaque province et territoire du pays à adopter une loi sur l'indemnisation des accidents du travail. Ces lois ont aidé les travailleurs et leurs familles à atténuer les difficultés liées aux décès et aux accidents du travail.
Aujourd'hui, les statistiques les plus récentes montrent qu'en moyenne, environ 1 000 Canadiens meurent chaque année de leur travail. Bien qu'il s'agisse de données officielles, le WHSC affirme que des milliers de décès liés au travail au Canada ne sont pas pris en compte dans ce chiffre. Selon le Centre, rien qu'en 2022, l'Ontario a connu plus de 2 000 décès liés au travail, mais seulement 220 ont été reconnus par la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) de l'Ontario.
Dans une déclaration publiée par le WHSC sur le véritable bilan des décès liés au travail, Andrew Mudge, directeur exécutif du Centre, s'est exprimé en ces termes : "Cette routine de sous-reconnaissance constitue à bien des égards un affront à la souffrance des travailleurs, de leurs familles et de leurs communautés. Le fait de ne pas mettre en lumière le véritable bilan des souffrances ne sert qu'à minimiser la nécessité collective de rechercher plus activement un travail plus sûr et plus sain par le biais d'une réglementation renforcée, d'une application plus stricte de la réglementation et, en fin de compte, d'efforts de prévention sur le lieu de travail".
La crise de la province concernant la sous-reconnaissance des décès liés au travail est particulièrement consternante lorsqu'il s'agit de décès dus à des maladies professionnelles, des maladies chroniques telles que le cancer, les maladies pulmonaires, etc. Toutes ces maladies prennent beaucoup de temps entre l'exposition initiale sur le lieu de travail et l'apparition de la maladie. Les estimations du nombre d'Ontariens décédés en 2022 de cancers liés au travail varient entre 600 et 5 000 travailleurs.
Le manque de reconnaissance empêche les travailleurs et leurs familles de recevoir une indemnisation et une réparation pour les blessures et les décès liés au travail, laissant de nombreuses à la merci d'événements qui ont bouleversé leur vie. Bien que des institutions comme la CSPAAT ne parviennent pas à résoudre cette crise provoquée par des lieux de travail dangereux, John, un pompier de Guelph, affirme que la participation accrue des travailleurs à la prise de décisions sur leur lieu de travail peut changer beaucoup de choses.
"Les travailleurs qui accèdent à la supervision et à la gestion peuvent jouer un rôle très important, car ils ont l'expérience réelle du travail et ils apportent cette expérience pour apporter du changement... l'expérience acquise sur le terrain peut vraiment être très utile". Un projet de recherche mené en 2021 dans plus de 40 usines de fabrication au Royaume-Uni confirme les dires de John. Le projet a conclu que les lieux de travail où le taux de participation des employés aux postes de gestion et de supervision était plus élevé entraînaient moins de risques et d'incidents professionnels.
Janice Folk-Dawson, vice-présidente exécutive de la Fédération du travail de l'Ontario, a déclaré à North Star que les travailleurs ont la responsabilité d'utiliser les outils existants qui sont à leur disposition. "Le droit de refuser un travail dangereux n'est qu'un des outils dont disposent les travailleurs pour s'assurer qu'ils rentrent chez eux à la fin de la journée... Cette année, un travailleur par semaine [en Ontario] a été tué sur son lieu de travail. C'est donc le seul moyen de s'assurer que les employeurs veillent à ce que ces dangers soient éliminés du lieu de travail".
Mme Mudge a conclu la déclaration du WHSC en lançant un appel à l'action pour le Jour de deuil de cette année : "Ce sera l'une de nos priorités le 28 avril, car nous prendrons le temps de réfléchir à toutes les vies perdues et aux nombreuses personnes qui souffrent de blessures et de maladies dues à des expositions dangereuses sur le lieu de travail. Bien que tout aussi important, le Jour de deuil nous donne à tous l'occasion de réévaluer et de réaffirmer les nombreuses priorités sur lesquelles nous devons agir pour aider les travailleurs non seulement à survivre, mais aussi à s'épanouir".