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Une grève en vue?

12 à 15 ans d’attente pour des assurances à la SAQ

Temps de lecture:3 Minute

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Les employés des succursales de la Société des Alcools du Québec (SAQ) à travers le Québec sont en négociations depuis janvier 2023 pour une nouvelle convention collective. Suite à l'augmentation des moyens de pression en mai, qui n'ont pas abouti au résultat escompté, un mandat de grève a été voté à 89% le 2 mars 2024.

En réponse à une baisse des revenus de 4% de la SAQ en 2023, l'employeur s'est immédiatement attaqué aux conditions de travail de ses employés. Il a aboli 64 postes pendant que 70% des employés sont toujours à temps partiel et attendent l'ouverture d'un poste régulier et l'accès à des assurances de base. Certains d'entre eux attendront jusqu'à 15 ans de service pour y avoir droit.

C'est ce qu'explique Lisa Courtemanche, présidente du syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ), lors d'une entrevue avec L’Étoile Du Nord : « Les 64 postes, l'employeur s'assoyait sur la raison, disait qu'ils étaient vacants, donc ça ne nuisait à personne. Mais c'est faux. Tu as nuit à 48 collègues que ça fait 12, 13, 14, 15 ans, qui attendent un poste régulier, et tu viens de leur dire qu'ils attendraient un an, même deux ans de plus. »

De plus, les conditions de travail d'un employé à temps partiel ne sont plus aussi avantageuses qu'elles l'étaient il y a plusieurs années:

« J'ai connu les années d'or, si tu veux. Je suis d'une époque où on était avantagé ou privilégié. Nos salaires étaient plus que compétitifs par rapport aux salaires minimums. Il y avait de l'ouvrage aussi à l'époque dans les succursales. […] On pouvait accepter qu'il y ait de la précarité parce que, que je fasse 20 heures, que j'arrive à faire mon 20 heures dans la semaine, ça correspond à aller travailler à 40 heures ailleurs. On acceptait la précarité. Mais maintenant, en 2024, la précarité, ça ne fonctionne plus. On n'est plus capable de payer nos loyers. Le salaire n'a pas suivi. »

Martin Lachance, délégué régional des Laurentides-Sud, mentionne également pendant une discussion avec L’Étoile Du Nord l'impact des horaires sur les conditions de vie des employés.

« Dans les périodes basses de la SAQ, un temps partiel va faire cinq à dix heures par semaine. Dans les périodes hautes, comme l'été, Noël, il va aller chercher son 37 heures, mais il n'y a aucune garantie d'heure, donc il ne peut pas se garantir un budget le reste de l'année. Quand tu as une vie familiale, ou que tu es monoparental, tu n'y arrives pas. [...] Donc c'est stressant pour les employés à temps partiel d'être toujours sur le téléphone. Est-ce que je reste à côté? Est-ce que je vais prendre une marche avec mes enfants? Est-ce que j'attend au cas où mon téléphone sonne? »

Durant les premiers mois de la négociation, la SAQ démontrait une fermeture complète aux demandes des travailleurs. Suite aux baisses de revenus et la pression causée par l'augmentation des moyens de pression des membres du syndicat, l'attitude de la SAQ a rapidement changé.

« Pour vrai, les quatre dernières journées, on n'a jamais eu autant d'avance que ça. Avant, l'employeur était fermé aux négociations. Il y a même des fois où ils annulaient les séances. Est-ce que c'est parce que Pâques s'en vient? Parce que, Pâques, c'est le deuxième Noël de la SAQ. C'est extrêmement important pour eux: c'est niaiseux, mais ils font beaucoup de ventes à Pâques. […] Là, est-ce qu'ils ont peur qu'on sorte la semaine prochaine? C'est pour ça qu'ils sont ouverts d'esprit ? Là, c'est à voir. »

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