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Après 18 mois de tension, les travailleurs de 26 succursales de la Société québécoise du cannabis (SQDC), membres du Syndicat canadien de la fonction publique local 5454 (SCFP-5454), sont de retour au travail. Leur grève, l'une des plus longues du secteur public canadien au cours des cinq dernières décennies, prend ainsi fin dans le contexte d'un Front commun des syndicats de travailleurs de l'État qui met la province en ébullition.
Un vote significatif de 85% a approuvé une nouvelle convention collective, introduisant des améliorations substantielles aux conditions de travail au sein du dispensaire public de cannabis. Pour Lucas Gizard, troisième clé à la SQDC et militant syndical, « c'est pas anodin, que [cette offre est arrivée] en même temps que les grèves du Front commun. »
En effet, les pourparlers, enlisés depuis plus d'un an, auraient connu un déblocage significatif lors de la première journée de grève unifiée du secteur public le 6 novembre. « Ils ont mal calculé leur affaire », précise-t-il à l'Étoile du Nord. La présence du SCFP-5454 aux manifestations du Front commun et la perspective d'un affrontement long et difficile avec ses employés auraient fait plier le gouvernement.
« On s'est battu pour un salaire d'à peu près 21$ de l'heure en rentrant », explique M. Gizard. Le salaire d'entrée précédent était de 17,12$. Bien qu'ils n'aient pas réussi à gagner la totalité de leur revendication, « on a eu un début avec 20,20$. On sera aussi bonifié suivant ce que gagnera le Front commun, donc ça c'est vraiment positif pour nous. Par exemple, si le Front commun arrive à obtenir une augmentation, on va dire de 10%, nous on va être bonifié de 10% aussi. »
Avec trois ans d'ancienneté, la salaire des travailleurs de la SQDC pourra atteindre 26$ de l'heure, et ils bénéficieront de quelques jours de congé mobile supplémentaires ainsi que d'un plus grand contrôle sur leur horaire. Tout cela s'ajoute à leur victoire sur l'intimidation du gouvernement:
« Ils nous ont privés de nos vacances de manière illégale pendant qu'on était encore en grève, et c'était illégal par rapport à l'article 7 du code du travail. Ils les ont pris pour justement servir leurs intérêts et nous fatiguer, mais là aussi, ils vont devoir nous les redonner. »
Après avoir enduré de nombreux défis tout au long de leur lutte prolongée, les employés de la SQDC se réjouissent particulièrement de retourner au travail. « C'est tout ce qu'on attendait », partage Lucas Gizard avec l'Étoile du Nord.
Il déplore que le gouvernement ait gaspillé des dizaines de millions de dollars d'argent publique au cours de la grève alors que son syndicat n'en demandait que trois millions. Ces pertes viennent de la baisse des ventes, mais aussi des frais d'avocat, du temps passé en cours, des frais pour les injonctions. « C'était au niveau idéologique; ils ont préféré perdre beaucoup plutôt que nous donner satisfaction, alors qu'on est toujours prêt à travailler, on est toujours prêt à aider. »
Suite à leur victoire, M. Gizard prédit au gouvernement Legault des négociations difficiles avec le Front commun. Il est convaincu que les travailleurs du public verront désormais que le gouvernement peut accorder des augmentations et améliorer les conditions de travail. Quant au SCFP-5454, « on va reprendre des forces, c'est certain, mais on sera aussi avec le Front commun pour les soutenir jusqu'à ce qu'ils obtiennent leur demande et que ça se termine bien pour eux aussi. La solidarité, c'est vraiment important. »
Celui-ci ajoute pour conclure, « même avec un petit comité, même avec moins de la moitié des succursales de la SQDC, on a réussi à avoir une offre correcte. Pas une victoire totale, pas non plus une entente à rabais. On a eu quelque chose de décent, donc, pour moi, le message que j'ai envie de passer au secteur public c'est: il faut rien lâcher. »