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Le 2 mars 2024, la Société québécoise du cannabis (SQDC) a fermé son magasin de la rue Saint-Hubert dans le quartier de la Petite-Patrie à Montréal, entraînant la mise à pied de 11 travailleurs. La toute première fermeture de magasin de la SQDC fait suite à la signature d'une convention collective en novembre 2023 après une grève de 18 mois. L'Étoile du Nord s'est entretenue avec Lucas Gizard, chef d'équipe à la succursale SQDC de Snowdon, au sujet de l'impact de la fermeture du magasin et sa réaction au raisonnement avancé par l'entreprise.
La SQDC a invoqué des problèmes de rentabilité et a expliqué qu'il s'agissait d'une « décision d'affaires », bien que l'entreprise publique ait réalisé 33 millions de dollars de bénéfices au cours du dernier trimestre de 2023. « En termes de réaction à la fermeture, parce que la nouvelle s'est répandue très rapidement dans le réseau, il y a eu beaucoup de peur, beaucoup de panique, parce que les raisons qui avaient été données étaient autour de la rentabilité. Mais comme ça arrive juste après la fin de la grève, c'est clairement une conséquence ou même une sorte de représailles à la grève. »
La SQDC déclare que sa mission est de « protéger la santé et la sécurité des clients » et de « réduire le marché illégal du cannabis au Québec ». M. Gizard a remis en question le lien entre ce mandat et la préoccupation déclarée de la SQDC quant à la rentabilité de ses succursales.
« La mission de la SQDC n'est pas de faire des profits. C'est pas pour faire de l'argent. C'est de freiner le marché illégal. Mais si c'était vraiment pour freiner le marché noir, ils ouvriraient le plus de magasins possible, peu importe la rentabilité, pour pouvoir donner de l'information. En d'autres termes, c'est comme la logique des hôpitaux : comment un hôpital peut-il être rentable si son objectif principal est de soigner ? Quand on a un mandat de protection sociale, ça va à l'encontre du profit. »
M. Gizard a parlé de l'unité que lui et ses collègues ont vécue avec les travailleurs du Front commun en partageant leur solidarité et leur soutien mutuel dans leurs luttes respectives. Selon M. Gizard, l'augmentation des salaires des travailleurs de la SQDC est liée aux gains du Front commun.
« Nous sommes dans la même situation. On a un État qui se comporte de plus en plus comme une entreprise privée en privilégiant la rentabilité. Le salaire n'augmente pas, les conditions ne s'améliorent pas, et on assiste même à une régression due à l'inflation. Nous étions tous dans une situation où nous faisions face à un État qui est presque légendaire pour son hypocrisie et qui fonctionne avec un niveau de mauvaise foi impressionnant.»
« Je pense que ce qui fait le plus peur à l'État, et la raison pour laquelle nous avons gagné, c'est cette sorte d'unité des travailleurs. C'est de se rendre compte que ce n'est pas parce qu'on est une bande de vendeurs de pot—pour simplifier à l'extrême—ou un enseignant, ou une infirmière [...] qu'on n'est pas ensemble. Quand on a un employeur commun, quand on a des fronts unis, il faut penser à s'unir et à prendre du recul pour se dire : "Nous devons être ensemble dans la lutte." C'est ce qui nous permettra de gagner beaucoup plus facilement, ou du moins d'obtenir ce que nous méritons. »