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Après deux ans d'affrontement, 71% des employés de la SAQ ont approuvé leur nouveau contrat de travail. Avant cette entente, les travailleurs à temps partiel (70% de la main-d'œuvre de la société d'État) pouvaient attendre entre 12 et 15 ans pour avoir des assurances. Quelles seront leurs conditions de travail à l'avenir?
L’Étoile du Nord s’est entretenue avec une travailleuse à temps partiel de la SAQ, qui souhaite rester anonyme, pour mieux comprendre les prochains changements dans leurs conditions.
Elle explique qu'une des principales demandes, comme dans d'autres luttes du secteur public, concernait la précarité de la majorité des travailleurs de la société. En effet, les horaires sont instables, et le nombre d'heures travaillé n'est pas garanti, étant parfois aussi bas que cinq heures par semaine.
De plus, les travailleurs à temps partiel n'ont pas accès aux avantages sociaux. Ainsi, il faut attendre en moyenne 12 ans pour atteindre le nombre d'heures nécessaire pour accéder à une assurance collective. Les heures s'accumulent lentement, à un point tel qu'une carrière à la SAQ n'est plus une option pour plusieurs.
Comme explique la travailleuse: « Beaucoup de mes collègues à temps partiel ont réalisé que la SAQ n’est plus un emploi où tu peux avoir une carrière, mais bien une transition vers un meilleur emploi. Ça n'a aucun sens d’attendre cinq ans avant d’avoir des horaires plus stables et des avantages sociaux. Peu sont prêts à donner autant de temps à une compagnie qui ne semble pas les respecter. »
« Mes collègues à temps plein me le disent souvent: l’âge d’or de la SAQ est passé. Ils m’encouragent même à me trouver un autre emploi. Ça en dit long sur la situation. »
Suite à la nouvelle entente, plusieurs gains ont été faits pour les travailleurs à temps plein, mais les deux principaux concernent les conditions de travail pour les temps partiels, ainsi que la création d'un nouveau système d'assignation d'horaire.
Il y aura aussi une augmentation de 19,7% des salaires sur les six années du contrat de travail, rétroactif jusqu'en avril 2023. L'entente bloque la coupure de 190 postes en réduisant les coupures à un maximum de 30 postes par année.
Tel que mentionné dans un communiqué du Syndicat des employé(e)s de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ–CSN): « Les employés qui cumulent cinq ans d’ancienneté et qui ont une moyenne de 20 heures au cours de l’année précédente auront maintenant droit au régime d’assurance collective. »
Pour les horaires, le communiqué mentionne que « les employés à statut 5/20 auront également la priorité dans le choix des horaires avant les autres travailleuses et travailleurs à temps partiel. De plus, ils n’auront plus à fournir de disponibilités minimales à leur employeur: ils sélectionneront eux-mêmes les blocs d’horaires qui correspondent à leurs disponibilités. »
La SAQ, une société d'État soutenue par des fonds publics, s'est donc battue pendant deux ans pour priver 70% de leurs employés d'avoir une assurance collective.
Durant l'entrevue, l’employée de la SAQ a également fait remarquer que, malgré les gains, l’entente ne répond pas totalement à la source du problème de ces travailleurs:
« En fait, nos deux plus grandes demandes n’ont pas eu de solutions avec cette entente: 70% des employés resteront à temps partiel et les horaires resteront instables. Aucune des nouvelles conditions de l’entente ne règle ces deux problèmes. »
Cette entente laisse sur la faim plusieurs membres avec les conditions les plus précaires. Mais elle reflète l’intensité à laquelle les employeurs vont lutter pour s’assurer d'économiser quelques sous. C'est ce qu'explique l'exécutif du syndicat de la SEMB-SAQ:
« Après deux ans à se colletailler avec un employeur intransigeant, nous sommes d’avis que, dans les circonstances socio-économiques que nous connaissons, nous sommes allés chercher la meilleure entente de principe possible. »
Il ajoute: « Cela étant dit, la lutte ne s’arrête pas ici pour les 5000 membres du SEMB-SAQ–CSN. Nous avons écouté avec beaucoup d’attention les réserves partagées par certains de nos collègues et nous n’entendons pas rester les bras croisés. »