Un gestionnaire de Pascan Aviation a tenté de foncer sur un groupe de travailleurs avec sa voiture, hier, à Saint-Hubert. Les agents de bord de cette petite compagnie aérienne régionale tenaient une ligne de piquetage souple à l’entrée des installations. Ils sont en grève générale illimitée depuis la fin octobre.
« Les agents de bord laissaient rentrer les gens, mais retardaient un peu leur entrée » pour mettre de la pression, explique Patrick Gloutney, président du SCFP Québec, à L’Étoile du Nord. C’est à ce moment que, selon le syndicat qui représente les travailleurs, « la voiture est arrivée à pleine vitesse et a foncé vers le stationnement. »
À la dernière seconde, un agent de bord qui l’a vu arriver a réussi à tirer son collègue hors de la trajectoire de la voiture-bélier.
Gloutney raconte que les agents de sécurité engagés par Pascan pour protéger la compagnie ont dû se résoudre à protéger les travailleurs face à cet acte flagrant et dangereux. « Quand ils ont vu ça, ces agents sont partis à courir après le cadre, mais il est allé se cacher dans les hangars à l’arrière, auquel les agents de sécurité ne pouvaient pas accéder. »
Le syndicat ignore pourquoi le gestionnaire a foncé sur les grévistes, mais tout indique que ce n’était pas une erreur. « Je vous dirais qu’on dérange, et visiblement, il y a certains employés qui ont la mèche plus courte. »

Les agents de bord de Pascan n’ont pas l’intention de laisser ce cadre s’en sortir sans conséquence. « Il y a une plainte à la police qui a été déposée hier en fin de journée en lien avec ça. Donc, on va laisser le travail des policiers se faire et puis on verra où ça nous amènera. »
Si un véhicule est utilisé pour attaquer une personne ou un groupe, il peut être reconnu comme arme. Le cadre de Pascan, s’il est considéré comme responsable après enquête, risque des accusations pouvant aller de conduite dangereuse à tentative de voie de fait grave.
« C’est déplorable et totalement inacceptable de mettre la vie en danger de travailleurs » qui tentent simplement d’améliorer leurs conditions de vie, martèle le président du SCFP Québec.
Au moment de publier, Pascan n’avait toujours pas rappelé L’Étoile du Nord, même si la demande d’entrevue avait été confirmée comme transmise.

Un combat de conditions de vie et de sécurité
« Les enjeux, c’est à peu près l’ensemble des conditions de travail » pour les 21 agents de bord de Pascan, explique Gloutney. « Les salaires sont une partie de l’enjeu, mais les conditions de vie aussi. »
Les agents de bord doivent régulièrement passer la nuit hors de chez eux en attendant le prochain vol. Et « dans certains endroits où les agents de bord sont appelés à aller dormir, les conditions de vie ne sont pas nécessairement à la hauteur de ce qu’on s’attendrait en 2025. »
Ils veulent aussi revoir des formations qu’ils jugent faites « à la va-vite », au point de mettre en danger équipages et passagers. Selon eux, c’est ce souci d’améliorer leurs conditions et la qualité de ces formations, combiné au refus de la direction d’y répondre, qui les a poussés à déclencher la grève.
Pour Gloutney, la grève reste un levier essentiel quand les demandes des travailleurs sont ignorées et qu’il ne reste plus d’autres options. « La grève est tout à fait légitime. On est conscient que ça dérange. On s’entend que dans le contexte économique, faire une grève, ça prend du courage. Et si nos travailleurs et nos travailleuses prennent cette décision-là, ils la prennent en pleine connaissance de cause. »
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