À Blainville, chaque jeudi soir, des habitants se rassemblent devant l’usine d’enfouissement de déchet toxique Stablex pour la surveiller, disent-ils. Chaque fois, une quantité importante de policiers et de gardes de sécurité privés embauchés par la compagnie accompagnent les manifestants. Souvent, il y a deux fois plus de ceux-ci que de citoyens.
Ce que depuis plus de deux ans, des citoyens de Blainville se battent contre la multinationale américaine Stablex, qui opère dans la ville depuis plus de 40 ans. Celle-ci travaille main dans la main avec le gouvernement du Québec et la mairesse de Blainville pour assurer son expansion, au détriment de la santé de 60 000 résidents de cette banlieue de la Rive-Nord du Grand Montréal. C’est ce que dénonce la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex.
« On est là pour montrer qu’on n’abandonnera pas », explique à L’Étoile du Nord Marie-Claude Archambault, porte-parole du groupe citoyen. « On veut leur montrer que tout est vu maintenant, tout est connu. Ça fait au moins deux ou trois ans qu’on a mis le projecteur sur l’usine. Eux autres, ils étaient tranquilles avant! Ils enfouissaient sans que personne sache ce qui se passait là. De plus en plus, nous, on publicise, on informe. »
Et leur « surveillance » s’est avérée utile très rapidement.

« Si on n’avait pas été là… »
Le soir du 21 août 2025, durant une des vigies citoyennes, un camion sortant du terrain de Stablex a été interpellé par les militants pour lui poser quelques questions.
Pendant cette interrogation, le camion se trouvait sur une pente descendante. Tout à coup, un liquide inconnu s’est mis à couler du camion et à glisser progressivement vers les égouts pluviaux menant au ruisseau Lockhead. Au total, 1300 litres de liquides ont été déversés sur le boulevard industriel. Marie-Claude et d’autres citoyens étaient sur place:
« Ça a commencé à sentir le diable. On a tout fait arrêter et on a appelé le 9-1-1. Les pompiers sont venus. Ils ont tous fait une zone d’isolement, ils ont fait reculer le camion, et on a appelé l’urgence environnementale. » Pendant ce temps, le groupe citoyen en a profité pour prendre un échantillon.
« D’abord la compagnie a commencé par envoyer ses gars, pour ramasser ça au plus sacrant », raconte un autre citoyen, Claude, à L’Étoile du Nord. L’urgence environnementale s’est fait attendre: « Ils n’avaient plus de personnel, ou ils se sont fait couper, ou ils sont étouffés par la politique. En tout cas, ils ne se sont jamais présentés. »
Ce soir-là, seuls les pompiers se sont présentés en urgence. N’ayant pas l’équipement ni la formation pour évaluer la présence de contaminants, ils n’ont fait qu’un test à la languette, qui a révélé un pH neutre.
L’échantillon qui avait heureusement été prélevé par les citoyens a été analysé par le Bureau Veritas et évalué par l’écotoxicologue Daniel Green. Les résultats étaient tout aussi alarmants que les derniers tests entrepris par les militants: 42 fois les normes environnementales de plomb, 38 fois la norme du mercure, 8,7 fois la norme du manganèse et 4 fois les normes de cadmium.
« C’est à ça que ça sert la vigie. Si on n’avait pas été là, le camion serait parti tranquille. Il aurait pissé sur toute l’autoroute », ajoute Archambault.
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