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Grève des loyers à Thorncliffe Park

Après un an, des locataires continuent de s’opposer à leurs augmentations de loyer excessives

Temps de lecture:3 Minute

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Le 28 avril a marqué le premier anniversaire de la grève des loyers de Thorncliffe Park, une protestation collective des locataires contre les augmentations supérieures au taux légal (ASTL)​​​​​​​ proposées par leur propriétaire. Les locataires de trois immeubles, 71, 75 et 79 Thorncliffe à Toronto, se sont rassemblés devant le bâtiment pour fêter l'événement et envoyer un message aux propriétaires PSP et Starlight Investments. « Vous dites hausse des loyers, nous disons grève des loyers », a scandé la foule.

« La situation a été très difficile pour beaucoup de gens », explique Sameer Beyan, qui vit à Thorncliffe depuis huit ans. « Beaucoup de gens vivent d'une paye à l'autre. Les locataires bénéficient d'un revenu de base, comme le Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées, ou de leur pension. Ils se battent contre un propriétaire qui a tellement augmenté le loyer que certains paient plus de 100% de leurs revenus. »

Légalement, les propriétaires de l'Ontario peuvent augmenter le loyer d'un montant prescrit chaque année sans passer par la Commission de la location immobilière (CLI). Pour 2024 et 2023, ce montant est de 2,5%. Cependant, Starlight augmente son loyer de 5,33% à 6,37%, et ce n'est pas la première fois qu'il dépasse la ligne directrice. Sameer indique que sa première augmentation de loyer supérieure à la ligne directrice a eu lieu en 2022, puis une autre en 2023. « Nous parlons ici de près de neuf ou 10% au cours des deux dernières années dans mon cas. »

Starlight déclare officiellement que les augmentations de loyer supérieures au taux légal sont nécessaires pour réparer les bâtiments, mais les résidents affirment qu'aucune réparation n'a été effectuée. « Depuis des années, plus d'une décennie, rien n'a changé. Ils se sont pas occupés des choses », déclare Jawad, un résident de Thorncliffe. « Il n'y a que des changements cosmétiques à l'extérieur pour attirer de nouveaux locataires. L'intérieur des logements n'a pas été entretenu. Les armoires sont cassées. Les appareils électroménagers ne fonctionnent pas. La peinture s'écaille. La situation peut être très mauvaise. »

Au lieu de réparer et d'entretenir les appartements, les propriétaires rénovent les espaces communs, tels que les halls d'entrée, tout en prétendant que les ASTL sont nécessaires pour réparer les appartements. Cette situation s'inscrit dans une tendance croissante qui permet aux fonds d'investissement et aux entreprises propriétaires de tout le Canada d'augmenter facilement les loyers au-delà des directives gouvernementales et de percevoir des dividendes plus élevés, alors que les locataires en supportent le coût. 

« Après un an de lutte et de protestation, nous voulons que le propriétaire discute avec nous en tant que groupe », explique Jawad. « Mais le propriétaire ne veut pas le faire. Il ne veut que des entretiens individuels, ce qui a pour effet de diviser le groupe. »

« Nous avons essayé d'approcher le propriétaire à plusieurs reprises », dit Sameer. « C'était la même chose : ils ne nous répondaient pas. Finalement, nous avons décidé de faire la grève des loyers. C'est un grand pas pour nous. Il nous a fallu plus de deux ans pour protester. »

Dans le cadre de la grève des loyers, les locataires de Thorncliffe Park ont travaillé collectivement avec la CLI dans l'espoir de résoudre le conflit. Les locataires ont payé leur loyer à partir de novembre 2023, sans appliquer l'augmentation prévue par la directive, dans une fiducie détenue par la CLI pendant les négociations, qui sera versée à Starlight une fois le litige réglé.

De nombreux locataires de la région de Toronto exercent leur droit légal d'organiser des syndicats de locataires et de négocier collectivement avec les propriétaires en tant que groupe. Les membres du York South-Weston Tenants Union mènent actuellement une grève des loyers contre les propriétaires Dream Unlimited et Barney River Investments. Tout comme les travailleurs forment des syndicats pour négocier de meilleurs salaires et conditions de travail, les syndicats de locataires sont un outil qui permet aux locataires de travailler collectivement pour négocier un meilleur contrôle des loyers et de meilleures conditions de vie. 

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