L'Étoile du Nord

Grève au port de Vancouver

Des débardeurs de la C.-B. obtiennent une entente de principe malgré des reportages trompeurs

Temps de lecture:4 Minutes

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La grève de quatre jours déclenchée la semaine dernière par les travailleurs des silos à grains de la région métropolitaine de Vancouver a contraint la Vancouver Terminal Elevator Association à proposer une nouvelle convention collective, qui a été endossée par la section locale 333 de la Grain Workers Union (GWU). Dès son déclenchement, la grève avait fait l'objet d'appels à l'intervention du gouvernement, réflétant une tendance croissante au sein du patronat.

Le port de Vancouver avait affirmé que la grève serait « préjudiciable à la prospérité économique du Canada ». Le Conseil canadien du canola, lobbyiste de l'industrie agroalimentaire, a appelé le gouvernement fédéral à « prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que le canola canadien puisse transiter par le port de Vancouver pour atteindre les marchés internationaux ».

Ces appels ont été lancés en dépit des lignes directrices établies par le BC Labour Relations Board sur ce qui relève de la définition d'un service essentiel.

Dans une interview accordée à L'Étoile du Nord, Douglas Lea-Smith, président de GWU 333, s'est défendu contre les affirmations trompeuses concernant la conduite des travailleurs et les effets de la grève sur l'économie. Il s'est également opposé aux récits qui utilisent les consommateurs pour justifier un éventuel arbitrage forcé.

M. Lea-Smith a déclaré: « Ce qui s'est passé, c'est que l'employeur n'est jamais venu à la table des négociations avec une offre. Il a tenté par tous les moyens d'éviter de présenter une offre à la commission de négociation. »

Il a déclaré que l'employeur « a tenté de négocier directement avec les membres en publiant un résumé du contenu de la proposition globale, ce qui a provoqué la colère des membres. Ils ont alors voté la grève ».

Pendant la grève, de nombreux reportages et articles clamaient que les interruptions de livraison dû à la grève pourraient mener les magasins à manquer de produits céréaliers.

Toutefois, M. Lea-Smith a expliqué que les céréales continuaient à transiter par le port. « Ils utilisent à leur contremaître pour exploiter les terminaux [céréaliers]. Les céréales sont chargées par les débardeurs, parce que c'est mentionnés dans le Code du travail et ils doivent donc effectuer ce travail sous peine d'être condamnés à une amende, ce qu'on comprends. »

Pendant toute la durée de la grève, d'autres terminaux céréaliers ont fonctionné à plein régime. Le grain était toujours transporté par le terminal céréalier de Fraser, le terminal céréalier de Prince Rupert, ainsi que par des installations de transbordement qui chargent le grain dans des conteneurs, telles que Columbia Containers et Ray-Mont Logistics. « L'histoire véhiculée par les médias selon laquelle nous ne transportons pas de céréales et que nous causons des dommages considérables à l'économie canadienne est complètement trompeuse. »

Source d'image: Grain Workers Union

Sylvain Charlebois, professeur de politique alimentaire à l'université de Dalhousie et spécialiste de l'alimentation financé par les Weston, a déclaré à plusieurs journaux qu'il espérait qu'Ottawa intervienne et que la chaîne d'approvisionnement alimentaire soit considérée comme un service essentiel au Canada.

Réponse de M. Lea-Smith: « Ce que nous faisons en réalité, c'est probablement ralentir l'approvisionnement alimentaire pour l'exportation. En fait, ça n'affecte pas la production et les expéditions de céréales au Canada. Il est donc absolument absurde de prétendre que cette mesure va se retrouver dans les magasins d'alimentation d'un jour à l'autre. »

Il a ajouté: « Il veulent renvoyer les travailleurs au travail, un peu comme ils l'ont fait dans le conflit ferroviaire des Teamsters avec CPKC et CN. Ce n'est pas acceptable. Les meilleurs accords sont conclus à la table des négociations. »

Après des dizaines de réunions à la table des négociations, dont huit fois avec la participation des services fédéraux de médiation et de conciliation, les pourparlers n'ont pas progressé de manière significative.

Même après le préavis de grève de 72 heures, l'employeur a fait des propositions directement aux membres du syndicat plutôt qu'aux médiateurs, selon le président du syndicat. Peu de temps après, les travailleurs ont entamé un piquet de grève.

« On exerce notre droit de grève pour faire pression sur certaines des entreprises les plus puissantes et les plus rentables de la planète. L'agro-industrie est extrêmement rentable, et elle tient les agriculteurs en otage parce qu'elle veut soutirer quelques dollars de plus aux travailleurs du port de Vancouver », affirme M. Lea-Smith.

Un entente de principe a été annoncé le 27 septembre, mais les détails n'ont pas été rendus publics à ce moment-là. Les membres se prononceront sur sa ratification le 4 octobre.

Le secteur de l'agriculture et de l'agroalimentaire a généré 150 milliards de dollars l'année dernière, soit 7% du PIB du Canada. Le Canada est le quatrième exportateur de blé et plus de la moitié des céréales cultivées au Canada transitent par les terminaux concernés, qui reçoivent environ 100 000 tonnes de céréales par jour.

« On exploite huit terminaux dans le port de Vancouver, le fleuve Fraser et Prince Rupert Grain, à Prince Rupert, ainsi que deux installations de transbordement de céréales », explique Lea-Smith, « et ce sont des emplois sales et poussiéreux. Ce sont des jobs sales et poussiéreuses, dangereuses. On décharge les céréales, on les stocke, on les nettoye, on les mélanges pour l'exportation et on les embarque sur des bateaux. Il s'agit d'un matériau hautement combustible et d'un travail industriel lourd, tout comme le débardage ».

Malgré les risques encourus par les travailleurs, Lea-Smith affirme que pour les employeurs, « le principal point de flexibilité pour améliorer leur rentabilité est de s'en prendre à la main-d'œuvre ».


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