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Le 21 mars, sans donner d'explication précise, le premier ministre ontarien Doug Ford a abandonné l'idée de permettre la construction de quadruplex sans restriction dans l'ensemble de la province. Initialement prêt à forcer les municipalités à accepter ces bâtiments d’habitations multiples afin d’endiguer la crise du logement, M. Ford a précisé sa pensée le 22 mars, en laissant plusieurs citoyens perplexes.
Cette décision est surprenante, car le premier ministre s'est engagé à construire 1,5 million de logements d'ici 2031. L'adoption d'une loi sur les quadruplex visant toute la province était un point clé du rapport de 2022 de son groupe de travail pour le logement abordable. Cette recommandation était censée être un levier pour atteindre les objectifs de M. Ford en matière de logement, en simplifiant et en accélérant le processus de construction tout en optimisant l'utilisation des terrains disponibles.
En Ontario, les municipalités sont responsables des règlements de zonage locaux, notamment en ce qui concerne l'autorisation des multilogements tels que les quadruplex. Cependant, de nombreuses municipalités les interdisent complètement dans la plupart de leurs secteurs. De plus, les règlements sont souvent assez différents d'une ville à l'autre, compliquant la tâche des promoteurs qui souhaitent construire ce type d'habitation en raison de l'absence de lignes directrices claires.
« Il n'en est pas question pour nous », avait déclaré M. Ford lors d'une conférence de presse à Richmond Hill il y a deux semaines. « Nous allons construire des maisons, des maisons individuelles, des maisons en rangée, c'est ce sur quoi nous allons nous concentrer. »
Il avait ajouté que, « si vous allez dans les petites communautés et que vous commencez à construire des immeubles de quatre, six ou huit étages en plein cœur des communautés, il va y avoir beaucoup de cris et de protestations. C'est une grave erreur. »
Pourtant, les triplex et les quadruplex n’ont, en général, pas autant d’étages. Par exemple, la ville de Montréal et ses banlieues ne sont pas étrangère à ceux-ci, qui, en général, cohabitent paisiblement avec les maisons unifamiliales, ne dépassant pas la hauteur d’une habitation de deux étages.
Une rue résidentielle de Laval, au Québec, où les triplex et les quadruplex côtoient les maisons individuelles
Une autre faveur?
En 2022, M. Ford a nommé un groupe de travail sur le logement chargé de trouver des moyens de résoudre la crise de l'accessibilité au logement en Ontario. Le rapport 2022 recommandait la construction de logements à plusieurs unités, tels que des triplex et des quadruplex, comme une étape clé vers la construction de nouveaux logements. À la suite de ce rapport, le parti Conservateur de M. Ford avait adopté la législation "de plein droit", qui autorise les triplex dans toute la province.
Bien qu'après la conférence de presse de Richmond Hill, le bureau de M. Ford ait précisé qu'il appartenait aux municipalités de décider d'autoriser les quadruplex, cette mesure laisse une lacune importante dans la lutte contre la pénurie de logements en Ontario.
Mais la suppression des quadruplex serait-elle une nouvelle faveur accordée aux amis de Ford? Les liens personnels de Ford avec les entrepreneurs immobiliers sont bien connus. Des promoteurs de renom ont assisté à des événements familiaux organisés par Ford, comme le mariage de sa fille en 2023.
Au moins quatre des promoteurs immobiliers présents au mariage ont bénéficié de permis de construire « accélérés » accordés par le Parti Conservateur, dont Mario Cortellucci, un influent promoteur immobilier de Toronto, assis aux côtés de Ford. Selon le plan de table du mariage, Shakir Rehmatullah, un éminent constructeur d'appartements de Toronto qui a bénéficié de l'échange de terrains de la Ceinture de verdure, était aussi parmi les invités.
Ce récent scandale de la ceinture de verdure a entraîné la démission de plusieurs députés de premier plan après qu'il a été rapporté que ces derniers avaient dîné avec "des promoteurs immobiliers de premier plan et un lobbyiste enregistré". Le reportage du Narwhal a conduit les chiens de garde de l'Ontario à publier deux rapports cinglants sur la corruption probable dans la gestion de la Ceinture de verdure par le gouvernement Ford. M. Ford fait actuellement l'objet d'une enquête de la GRC sur la corruption présumée qui aurait favorisé certains promoteurs immobiliers lors de la division de la Ceinture de verdure.