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Grève de la verrerie Owens-Illinois

Hausse de 51.6% pour le PDG, les travailleurs refusent des miettes

Temps de lecture:3 Minute

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Cela fait maintenant plus de 2 semaines que les 330 travailleurs de l'usine de fabrication de verre Owens Illinois à Pointe-Saint-Charles ont déclenché une grève générale illimitée. Les employés de la seule fonderie de verre du Québec reçoivent un salaire à l'entrée de 26$/h, alors que dans les fonderies de métal du Québec, "ça part pas en dessous de 35$/h", selon Claude [nom fictif], employé de la verrerie depuis plusieurs années questionné par l'Étoile du Nord.

Celui-ci poursuit: "Nous autres, on demande 7% d'augmentation, ça fait environ un dollar et demi de l'heure de plus. On veut que ça soit un salaire propice à l'environnement où on travaille, on mérite ça. [...] La compagnie nous a fait une offre complètement ridicule. En 2022 l'inflation a presque monté de 7%, la seule chose qu'on demande c'est de suivre l'inflation." Pendant ce temps, Owens-Illinois ne redonne au travailleur moyen que 20% de la valeur monétaire qu'il produit par année.

Dans un communiqué, le représentant syndical des Métallos, Steve Galibois, expliquait que "les syndiqués ont décidé de recourir au moyen ultime pour se faire respecter. Encore une fois, l'employeur ne reconnaît pas la contribution des travailleurs et travailleuses. Voilà plusieurs négociations qu'il en donne le moins possible, entraînant une diminution graduelle des conditions de travail au fil du temps. Ça suffit! Nos membres exigent du respect."

"À l'ancienne convention, c'est là qu'on aurait dû y aller", affirme un autre gréviste souhaitant rester anonyme, "on a accepté 2% avant la pandémie, en 2019. Pendant la pandémie, on n’a rien eu du tout, pas d'augmentation." Claude ajoute qu'à son arrivée, le salaire était bon en comparaison au coût de la vie, mais plus maintenant.

En plus des reculs salariaux, la compagnie imposait des reculs majeurs sur les retraites et les assurances, et ce dans un métier dur et dangereux. "Après s'être fait manger la laine sur le dos convention après convention, dans le fond, on veut regagner ce qu'on a perdu au fil des années," fait valoir un gréviste. "Pis on va l'avoir!"

Les conditions ne sont pas faciles pour ces travailleurs. La pénurie de main-d'œuvre amène son lot de temps supplémentaire, et ceux-ci travaillent dans des conditions de chaleur extrême, parfois dangereuses. Ils travaillent en quart rotatif de 12, c'est-à-dire un horaire de, par exemple, 2 quarts de jour, 2 quarts de nuit, 3 quarts de jour, 2 quarts de nuit, dépendamment de la semaine.

L'usine de verre Owens-Illinois était considérée comme un service essentiel durant la pandémie et continuait à produire 24 heures sur 24. Pour cela, ils disent avoir eu "une tape dans le dos en nous disant 'comptez-vous chanceux d'avoir une job'. Ils nous ont dit ça, pis ils nous ont donné une sandwich", lance Claude, expliquant qu'au lieu d'une augmentation, la compagnie leur a donné un souper sandwich en guise de remerciement durant la pandémie.

"En plus, ça l'air qu'il y a eu de bonnes augmentations au niveau des patrons. Si vous êtes capable de donner une bonne augmentation à vos patrons, vous êtes capable d'en donner aux employés". En effet, entre 2020 et 2022, la compensation totale du PDG de Owens-Illinois Andres A. Lopez, est passée de 8.07M$ à 12.24M$, soit une augmentation fulgurante de 51.6%. Pendant ce temps, le salaire réel des travailleurs, qui gagnent en moyenne 332 fois moins que Lopez, a diminué en prenant en compte l'inflation.

Des travailleurs font aussi un parallèle entre la hausse salariale importante que les députés québécois se sont accordée récemment et l'augmentation faible de leur salaire depuis 2019: "Ils se sont donné 30% [d'augmentation], moi, si j'avais 30% je serais pas en grève." Son collègue ajoute que "moi, si j'avais 30%, je coucherais ici."

Le 12 mai, une délégation du Comité de solidarité de l’acier s’est déplacée pour annoncer un soutien aux grévistes d’Owens Illinois. Ceux-ci avaient déclaré qu'ils sont là pour appuyer ceux qui se battent pour leurs conditions. "Votre cause, c’est celle de tous les travailleurs et travailleuses en ce moment. La solidarité est importante pour vous aider à garder la tête hors de l’eau et aller au bout de vos revendications."

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