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Arsenic dans l’air à Rouyn-Noranda

Glencore fait tout pour ne pas prendre ses responsabilités

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En mai, il a été révélé que les émissions d’arsenic de la fonderie Horne à Rouyn-Noranda menaçaient gravement la santé des résidents de la ville. En effet, le taux de cancers de poumons ainsi que le taux de maladies pulmonaires chroniques à Rouyn sont nettement plus élevés que la moyenne Québécoise.

Ces données publiées il y a quelques mois par la santé publique étaient cependant déjà connues du Dr. Horacio Arruda en septembre 2019, alors qu’il était directeur de la santé publique. Il les a retirés d’un rapport destiné aux citoyens peu après avoir rencontré les représentants de la fonderie Horne, une compagnie appartenant à la firme mondiale minière Glencore.

La fonderie avait obtenue l’autorisation du Gouvernement du Québec d’émettre 200 ng/m3 d’arsenic dans l’air en 2019 ce qui est 67 fois plus que la norme provinciale de 3 ng/m3. Cette exception avait été « resserrée » à 100 ng/m3 en 2021, ce qui reste 33 fois plus élevée que la norme habituelle.

Les représentants de la compagnie ont récemment quitté un conseil de la santé publique d'Abitibi-Témiscamingue qui avait été mis en place afin de se pencher sur la situation des enfants du cartier Notre-Dame surexposés aux émissions d'arsenic​​​​​​​. L'excuse donnée étant que les responsabilités du conseil étaient maintenant étendues à l'entièreté de Rouyn-Noranda, et non seulement le cartier où la compagnie se sentait concernée.

Cependant, le Comité Consultatif de Suivi de l’Étude de Biosurveillance du Quartier Notre-Dame avait voulu élargir les horizons de leur enquête à la santé de l’entièreté de Rouyn-Noranda afin que la totalité des dommages causés par la compagnie puisse être analysés. Se retrouvant maintenant le sujet d’une controverse, la fonderie Horne a proposé au gouvernement Québécois de réduire ses émissions à 60 ng/m3.

Cette proposition reste encore une fois 20 fois plus que la norme Québécoise. Face au refus de cette offre, la filiale de Glencore a promis d’établir un meilleur plan d’action, mais a sollicité du financement gouvernemental pour y arriver. Le gouvernement, lui-même cédant aux pressions médiatiques et populaires, a alors annoncé que la limite serait réduite à 15mg/m3, soit encore cinq fois plus que la norme provinciale.

De plus, Glencore se voit octroyé un généreux délai de cinq ans pour réduire ses émissions. Une clémence que s'explique mal la population, sachant que cela prolongera l'état de fait ou leurs enfants ont un taux d'arsenic dans leur corps 3,7 fois plus grand que la moyenne provincial, les exposant à un risque accru de cancer du poumon et de maladies pulmonaires. 

Glencore ne manque pas de fonds pour arrêter d'empoisonner les habitants de Rouyn-Noranda: elle s'est classée dans le Top 10 du Fortune Global 500 ces dernières années et a enregistré un bénéfice record de 3,2 milliards de dollars au cours du seul premier trimestre de 2022 (presque autant que la totalité de sa marge bénéficiaire en 2021). Si elle ne l'a pas encore fait, c'est seulement parce qu'elle réussi constamment à se défiler.

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