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Après une coupure de plus de 400 millions dans le budget d'entretien des écoles, c'est au tour des CÉGEPs de subir l'austérité budgétaire de la CAQ. Le gouvernement de François Legault a imposé, sans consultation, des coupures allant jusqu'à 60% des budgets de CÉGEPs, par ailleurs, déjà approuvés par leur conseil d'administration. Alors que 56% des écoles au Québec sont dans un état critique, que les CÉGEPs sont pleins à craquer et sur le point de s'effondrer, la décision de la CAQ choque dans le monde de l'éducation.
Selon le vérificateur général du Québec, les deux tiers des CÉGEPs sont dans un mauvais état, toutefois le nombre de cégepiens connait une hausse historique jamais vue depuis 25 ans. Les besoins en infrastructure sont donc criants. Or, ce n'est pas uniquement les travaux de rénovations qui ont été mis en suspens, mais aussi les travaux d'agrandissement.
Au CÉGEP Saint-Laurent (CSL), aux prises avec d'importants travaux de rénovations, le budget d'investissement a été coupé de moitié. La décision a été communiquée aux employés par courriel, sans qu'ils ne soient consultés. La direction du CÉGEP a, pour sa part, été informée de la décision le 31 juillet, soit moins d'un mois avant la rentrée.
Dans le communiqué envoyé aux employés, dont l'Étoile du Nord a obtenu une copie, on peut lire, « le ministère de l’Enseignement supérieur (MES) a informé l’ensemble des établissements d'enseignement supérieur qu’il modifiait la façon dont il traite les dépenses en investissement : une limite annuelle est dorénavant imposée aux établissements. Il s’agit d’une mesure inattendue et ces informations ont dû être confirmées lors d’une rencontre avec les représentants et les représentantes du ministère. »
Maxime (nom d'emprunt), un employé du CSL joint par l'Étoile du Nord, explique, « le budget d’investissement représente les dépenses d’immeuble, mobilier, infrastructure, informatique, bibliothèque. Une particularité chez nous est que nous avons une enveloppe spéciale pour les dépenses de réfection d’immeuble, car nous avons dû condamner un pavillon au complet l’année passée en raison de vétusté (problèmes de structure) ».
Malgré l'enveloppe spéciale, le CSL est devant des graves problèmes d'infrastructure. Plusieurs cours et bureaux devront être relocalisés à plus de 30 minutes du CÉGEP dans les anciens bureaux de l'Office nationale du film (ONF). La vie du campus et la collaboration entre collègue sera ainsi éclatée.
Selon Maxime, les coupures annoncées toucheront surtout « les ressources matérielles, l’informatique et la bibliothèque. En informatique, plusieurs projets seront coupés, et plusieurs investissements aussi (tablettes, dépenses liées au numérique). Donc, dans les prochaines semaines, je devrais faire pas mal de rencontres où nous annoncerons aux profs qu’on met fin à leurs projets. »
Pour l'employé du CÉGEP, les coupures viendront également exacerber les problèmes liés à la relocalisation des cours et des bureaux. « Les dépenses pédagogiques seront priorisées, donc on peut conclure que les dépenses liées à l’administratif seront principalement touchées. Ça risque d’être compliqué, car nous avons déjà des enjeux de bureaux à cause de la fermeture du pavillon B. »
Dans les établissements primaires et secondaires, la décision prise par la CAQ durant l'été de retirer un financement de 400 millions de dollars pour l'entretien des bâtiments a eu l'effet d'une onde de choc.
Encore une fois, la décision a été prise sans consultation. Ce qui inquiète le plus le milieu est l'absence de vision à long terme du gouvernement. L'annonce de la coupure n'a pas été accompagnée d'un plan pour les années à venir.
Luc Beauregard, secrétaire trésorier de la CSQ, a réagi par communiqué. « Cette attitude démontre l’opacité de la gestion des finances publiques alors que le gouvernement affirmait, lors de la présentation de son dernier budget, qu’il diminuerait le déficit de maintien des immeubles. »
Les besoins de rénovations dans les bâtiments scolaires sont grands. Au centre de services scolaires de Montréal (CSSDM), le 3/4 des écoles sont en mauvais état. Le parc immobilier du CSSDM aurait besoin d'un investissement de près de deux milliards de dollars en rénovations.
L'inaction du gouvernement face à la vétusté des écoles pousse des établissements à condamner des salles de classe. Il est de plus en plus courant que des élèves doivent être transférés de leur école de quartier vers une autre école.
Plusieurs organismes communautaires vivent aussi les impacts de l'inaction du gouvernement. En effet, en 2023, une cinquantaine d'organismes de l'île de Montréal ont été évincés par le CSSDM qui possède les bâtiments dont ils sont locataires. Le CSSDM a expliqué avoir besoin des locaux pour en faire des salles de classe.
Ni le CSSDM, ni le Ministère de l'Éducation n'a offert de solution de relocalisation aux organismes face à un délai de 50 jours avant de se retrouver à la rue. Les organismes évincés offraient des services essentiels dans leur quartier comme de l'aide alimentaire.